Dossier n°1033 - Juste(s)

Consulter le dossier de Jérusalem (en anglais)


Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Jean Adrien

Année de nomination : 1977
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Prêtre, directeur d’école
    Localisation Ville : ()
    Département :
    Région :

    L'histoire

    Jusqu’en septembre 1943, Werner Epstein, un réfugié juif allemand, avait vécu avec sa femme à Gap, dans la zone occupée par les Italiens au sud de la France. Lorsque les Allemands occupèrent cette région, Epstein décida de prendre la fuite. Au début du mois de novembre 1943, il partit chercher refuge à Lyon. Avant de quitter Gap, il obtint du père Auguste Faure une lettre de recommandation qui lui permit d’être reçu en audience par l’évêque de Lyon. Ce dernier l’orienta vers Sainte-Marie, une école catholique située à Saint Chamond (Loire) qui cherchait un professeur d’allemand. Devant l’accueil chaleureux du directeur de Sainte-Marie, le père Jean Adrien, Epstein évoqua avec émotion et en toute franchise les épreuves qu’il avait subies. Après une brève conversation téléphonique avec le père Faure pour vérifier qu’il connaissait bien Epstein, le père Adrien accepta de lui donner asile dans son établissement et de l’y employer sous un nom d’emprunt. Epstein, artiste de son état, fut embauché pour enseigner l’allemand et l’histoire de l’art; il fut logé avec d’autres professeurs, des prêtres catholiques pour la plupart. Le père Adrien risquait sa vie en prenant cette décision. En effet, la période 1943-1944 fut celle de tous les dangers pour les Juifs de France. Nul lieu n’était sûr; partout la Gestapo et ses collaborateurs français pourchassaient les Juifs sans relâche, ne ménageant pas leurs efforts pour repérer les Français non juifs qui cachaient ou aidaient les Juifs. On arrêtait les gens au hasard, en pleine rue, dans les cafés ou les hôtels pour contrôler leur identité et les interroger. Arrestations et déportations étaient chose courante. Le père Adrien s’était donc mis dans une situation très dangereuse, d’autant que Werner Epstein n’avait jamais été professeur et, de surcroît, ne connaissait rien des coutumes catholiques. Pour ne pas éveiller les soupçons, le prêtre lui apprit la liturgie de l’Eglise ainsi que les principes et pratiques élémentaires de la religion catholique. Il recommanda notamment à Epstein de passer devant l’église le dimanche et de faire semblant de sortir de la messe. Il lui apprit également comment se comporter durant les offices et les bénédictions, prenant la peine de souligner qu’Epstein n’était pas obligé de faire le signe de la croix mais pouvait se contenter de mettre sa main sur la poitrine comme le faisaient les membres de l’aristocratie catholique. Werner Epstein vécut à l’école Sainte-Marie de novembre 1943 à avril 1944. Après la guerre, le père Adrien lui révéla qu’il avait caché deux autres Juifs dans l’établissement ; il leur avait trouvé des postes d’enseignants sous de faux noms. Les deux hommes restèrent en contact pendant de longues années après la guerre.

    Le 17 mars 1977, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné au Père Jean Adrien, le titre de Juste parmi les Nations. 

     




    Mis à jour il y a 10 mois.