Dossier n°1039 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Jean-Severin Lemaire

Année de nomination : 1976
Date de naissance : 04/06/1906
Date de décès : 20/12/1985
Profession : Pasteur évangélique
    Localisation Ville : Marseille (13000)
    Département : Bouches-du-Rhône
    Région : Provence-Alpes-Côte d’Azur

    L'histoire

    Jean Séverin Lemaire était le pasteur de la paroisse de l’Eglise protestante évangélique de Marseille (Bouches-du-Rhône). Il donnait également des cours de Bible. Vers la fin de l’année 1941, il fit la connaissance, après une conférence, de Joseph Bass, un juif né en Russie qui avait fondé le réseau clandestin Service André. Le pasteur accepta d’apporter son aide à cette organisation de sauvetage, qui s’était donné pour nom : « Groupe d’action contre la déportation ». Le Service André opérait surtout à Marseille et le long de la côte méditerranéenne. Il regroupait des volontaires de diverses confessions. Tous étaient conscients des risques qu’ils prenaient. Le Service André s’occupait notamment de mettre en lieu sûr les Juifs persécutés soit en les envoyant dans d’autres régions, telle la Haute-Loire – où de nombreux Juifs trouvèrent refuge au Chambon-sur-Lignon dont les habitants, protestants pour la plupart, étaient particulièrement sensibles aux questions de persécution religieuse et se montraient disposés à aider les victimes – soit en les faisant passer à l’étranger. Le dimanche après l’office, le pasteur remettait aux fugitifs juifs de faux papiers et l’adresse de personnes prêtes à leur donner asile. Il plaçait les enfants dans des familles ou des institutions chrétiennes et aidait les adultes à passer la frontière ou à se cacher. Il n’hésita pas à intervenir auprès de la Croix-Rouge pour faire libérer des Juifs emprisonnés dans des camps. Ce fut le cas des treize membres de la famille Wigderbun. Le 14 mars 1943, dénoncé par un mouchard, Jean Lemaire fut arrêté par la Gestapo en compagnie de Joseph Bass qui réussit à s’évader. Le pasteur, qui n’avait pas voulu se cacher, fut incarcéré dans la cellule des Juifs à la prison Saint-Pierre. Il s’efforça de leur remonter le moral et célébrait avec eux l’office du Chabbat le vendredi soir. La petite Francine Weil, qui avait cinq ans à l’époque, se souvient de lui comme d’un « rabbin haut de taille et à la barbe noire ». L’enfant, qui avait été arrêtée avec ses grands-parents, les Abravanel, avait la coqueluche. Grâce à la vigoureuse intervention du pasteur, elle fut envoyée à l’hôpital, dont la Résistance réussit à la faire sortir. Jean Lemaire intervint également pour protéger un Juif qui venait d’être jeté dans sa cellule, et qui, soupçonné d’être un dénonciateur, était sur le point d’être écharpé par les autres prisonniers. Le 5 avril 1944, le pasteur fut déporté au camp de Mauthausen, puis transféré à Dachau. Il réussit à survivre jusqu’à la libération du camp par les Américains. Aucun des détenus juifs de la cellule ne survécut.

    Le 19 février 1976, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, au pasteur Jean Séverin Lemaire, le titre de Juste parmi les Nations.

     

     




    Mis à jour il y a 4 semaines.