Dossier n°11590 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2009

Angelo Tamietti

Année de nomination : 2009
Date de naissance : 15/01/1901
Date de décès : 27/11/1966
Profession : Chauffeur routier

Angèle Tamietti Soyez

Année de nomination : 2009
Date de naissance : 29/04/1881
Date de décès : 05/02/1961
Profession : sans profession

Jules Trouillet

Année de nomination : 2009
Date de naissance : 17/07/1901
Date de décès : 24/09/1965
Profession : fermier

Berthe Trouillet Corbin

Année de nomination : 2009
Date de naissance : 25/11/1901
Date de décès : 09/02/1974
Profession : fermière, mère de 3 enfants
    Localisation Ville : Saint-Hilaire-la-Gérard (61500)
    Département : Orne
    Région : Normandie

    L'histoire

    Angèle Tamietti
     

    Angélo Tamietti
    Quand éclata la seconde guerre mondiale, Montlhéry était encore un gros bourg de l’Essonne, situé à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Paris, dont le calme n’était troublé que par les premiers vrombissements de l’autodrome qui allait lui assurer une notoriété  internationale.

    C’est là qu’un jeune couple, Angèle SOYEZ et Angelo TAMIETTI, dotés de prénoms étrangement semblables et prémonitoires, avaient unis, sans maire et sans curé,  leur cœur et leur courage

    la famille Trouillet avec rebecca et Paulette Ajzenberg en 1943
    Dès l’invasion allemande et la mise en place du  gouvernement de Vichy,  Angelo avait choisi son camp et, avec la complicité d’Angèle,  il avait largement ouvert sa porte à ceux qui, de par leurs opinions politiques ou leurs origines religieuses, étaient menacés par la déferlante nazie. Très engagé dans la résistance, il avait accueilli sous son toit, Monsieur PERRIN et son fils qui, en tant que communistes, avaient dû quitter leur domicile de Levallois, et avait   donné asile à deux familles juives.

    Le 26 octobre 1942, on sonna à la porte d’Angelo. Il alla ouvrir et se trouva face à un homme qu’il n’avait jamais rencontré auparavant. Il s’appelait Aaron AJZENBERG. Il était accompagné de ses trois filles : Rebecca (12 ans)  Rachel (9 ans) et Paulette (4 ans). Il se recommandait de Monsieur PERRIN, son partenaire de belote, qu’il venait de rencontrer.

    Aaron Ajzenberg,  juif originaire de Pologne,  s’était installé en Alsace en 1930 avec son épouse Mindla. Dix ans plus tard, évacuée à la déclaration de guerre  avec toute la population de Forbach, la famille avait rejoint  Montlhéry  où Aaron avait ouvert un atelier de tailleur tandis que Mindla s’occupait de leurs quatre enfants, trois filles et un garçon.

    En juillet 1942, alors que la Rafle du Vel’ d’Hiv’ venait d’emporter vers la mort plusieurs de ses proches, la famille se cacha et se dispersa.

     Après quelques semaines de clandestinité et de séparation, Aaron pensant que le danger s’était éloigné et sans  doute poussé par la nécessité de gagner sa vie, décida de regagner son domicile avec tous les siens, à l’exception de son fils Isidore alors âgé de 11 ans, interne dans un pensionnat de Montlhéry.

    Au moment où Angelo et Aaron firent connaissance, l’heure n’était pas aux politesses de circonstance. En quelques

    1946 les familles Ajzenberg et Trouillet
    minutes et en quelques mots, l’homme traqué expliqua que le matin même,  sans doute à la suite d’une dénonciation, les gendarmes  étaient venus  arrêter toute la famille. Ils lui avaient  intimé l’ordre d’aller à l’école chercher ses enfants, tandis qu’ils garderaient sa femme en otage pour s’assurer qu’il ne profite pas de ces quelques moments de liberté pour s’enfuir.

    Le malheureux père était pleinement conscient du sort qui attendait les siens. Il venait de s’acquitter de la première partie de sa mission et dans le court laps de temps qui lui était imparti il tentait de sauver ses filles. Suivant les indications de son ami PERRIN, il se rendit rue LUISANT, au domicile d’Angèle SOYEZ et d’Angelo TAMIETTI, qui, sans hésiter un seul instant gardèrent les quatre enfants et lui promirent de veiller sur eux.

    Aaron aurait pu s’enfuir, mais il ne voulait pas laisser Mindla partir seule et  d’autre part, il tenait à la rassurer quant au sort des petites. Il alla donc la rejoindre et déclara aux gendarmes qu’il n’avait pas trouvé les jeunes victimes. Les époux furent aussitôt transférés au commissariat de police de Longjumeau, puis internés dix jours à Drancy avant d’être déportés le 9 novembre, par le convoi 44, à Auschwitz où Mindla fut aussitôt exterminée.

    L’arrivée des trois fillettes dans la petite maison d’Angèle et Angelo, rue LUISANT à Monthléry,  portait à dix le nombre de réfugiés qui y étaient cachés. Dans l’impossibilité d’héberger tant de monde sans attirer l’attention du voisinage, et par mesure de prudence, les deux compagnons décidèrent de mettre les enfants à l’abri dans un lieu plus discret. Joseph, le frère d’Angelo qui habitait Sées dans l’Orne, allait les y aider.

    Les frères TAMIETTI se partagèrent la tâche : Angelo qui était chauffeur de camion, les accompagna à Sées et Joseph les plaça tout près de là, à Saint Hilaire La Gérard, dans une ferme qu’exploitaient Berthe et Jules TROUILLET, des gens de cœur, motivés, dévoués et totalement désintéressés chez qui les enfants allaient passer plus d’une année, dans une ambiance chaleureuse et réconfortante. Considérés comme les enfants de la famille, ils furent soignés, nourris et logés sans qu’aucune compensation financière ne fut jamais réclamée par des gens pourtant modestes qui par ailleurs connaissaient et assumaient les risques qu’ils encouraient en cachant des juifs.

    Mais, dès les premiers mois de 1944, alors que les rumeurs d’un débarquement allié commençaient à agiter les zones côtières, éveillant crainte ou espoir selon les relations que les uns ou les autres avaient entretenues avec l’occupant,  les TROUILLET reçurent des menaces de dénonciation. Il fallait absolument évacuer les enfants.

    Dans l’urgence,  on ne trouva pas d’autre solution que de les ramener à Montlhery où ils restèrent cachés chez Angèle et Angelo jusqu’à la Libération.       

    Mr Perrin, Angèle Soyez et Angelo Tamietti
    C’est  à l’abri des murs qui entouraient la maison de leurs anges gardiens que les quatre enfants AJZENBERG, entendirent passer les chars de l’Armée Leclerc qui marchaient sur Paris. Puis ce fut tout près du lieu où leur vie avait soudain basculé deux ans plus tôt qu’ils vécurent leurs six premiers mois de liberté, dans une ville où le Chant des Partisans avait une résonnance particulière, puisque ses paroles avaient été composées par un ancien et illustre Montlhérien : Joseph Kessel.

    Mais une surprise fracassante, annoncée par leur maître d’école, allait mettre un terme à la longue errance de Rebecca, Isidore, Rachel et Paulette : le retour inespéré de leur père, libéré de Buchenwald le ll avril 1945.

    Isidore, son fils qui a demandé pour ses bienfaiteurs la Médaille des Justes, écrit aujourd’hui :

    « Je me souviens encore, avec grande émotion, de ce 29 avril 1945, sur le quai de la gare, de St Michel sur Orge : l’arrivée de cet homme en pyjama rayé. C’était mon père, il était persuadé, qu’il était seul au monde, et nous, nous étions là, ses 4 enfants , bien vivants, sur ce quai de gare, accompagnés de nos bienfaiteurs et d’une partie des habitants de Montlhéry venus l’accueillir. 67 ans après, cette explosion de joie, est toujours en moi.

    Cette grande joie, nous la devions à 2 modestes familles françaises, qui avec courage, au risque de leur propre liberté, ont tendu une main secourable  à quatre enfants juifs âgés de 4, 9, 11 et 13 ans »

    Le 16 juin 2009, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Monsieur Angelo Tamietti, Madame Angèle Soyez, Monsieur Jules Trouillet et son épouse Madame Berthe Trouillet.

    Documents annexes

    Article de presse - Ouest france du 12/03/2011Article de presse – Ouest france du 12/03/2011
    2 février 2014 08:25:28
    Article de presse - Orne hebdo du 15/03/2011Article de presse – Orne hebdo du 15/03/2011
    2 février 2014 08:24:39
    Article de presse - Les Justes de Sées de 03/2011Article de presse – Les Justes de Sées de 03/2011
    2 février 2014 08:24:15
    Article de presse - Le parisien du 14/03/2011Article de presse – Le parisien du 14/03/2011
    2 février 2014 08:22:52
    Invitation  cérémonie Tamietti-TrouilletInvitation cérémonie Tamietti-Trouillet
    19 décembre 2012 08:23:41

    Articles annexes