Dossier n°12194 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Suzanne Solange (Morand) Baron

Année de nomination : 2011
Date de naissance : 06/07/1909
Date de décès : 25/12/1994
Profession : Fermière
    Localisation Ville : Saint-Gaultier (36800)
    Département : Indre
    Région : Centre-Val de Loire

    L'histoire

    Suzanne Baron vivait seule dans une ferme retirée près Saint-Gaultier dans l’Indre. Elle élevait des lapins et des cochons et cultivait des légumes sur un petit terrain près de sa maison. En 1943, elle hébergea deux jeunes enfants juifs, Yvonne Hirsch âgée de neuf ans et son frère René âgé de cinq ans.

    Les enfants Hirsch étaient nés à Paris. Leurs parents, Konrad et Edith Hirsch étaient des émigrés allemands arrivés en France en 1933. En Allemagne, Konrad avait été professeur d’université mais à Paris il ouvrit un studio photo et faisait notamment des portraits d’enfants. Sa femme avait créé une chocolaterie à domicile. En 1939, Konrad avait intégré la Légion Etrangère et fut stationné en Algérie. En juin 1940, Edith décida de quitter Paris. Elle vendit ses quelques biens et avec ses deux enfants rejoignit tous ceux qui se dirigeaient vers le sud de la France, parvenant à Saint Gaultier. Là ils emménagèrent dans un immeuble réservé aux réfugiés. A la fin de la guerre, Konrad fut démobilisé et retrouva sa famille.

    Le 24 février 1943, deux gendarmes vinrent arrêter Konrad à son domicile. Au début il fut interné à Gurs puis transféré à Drancy et de là fut envoyé à Maidanek, d’où il ne revint pas. Craignant d’être aussi arrêtée, Edith Hirsch décida de se cacher. Elle demanda à une organisation juive de trouver une cachette pour ses enfants puis elle contacta le frère de son mari, Hans, qui se cachait à Lyon sous une fausse identité. Les deux enfants furent d’abord placés dans une famille d’accueil mais ils ne furent pas bien traités. Quand Edith découvrit la situation, elle insista pour que les enfants soient placés ailleurs. C’est ainsi qu’ils arrivèrent chez Suzanne Morand. Edith fit promettre à Suzanne qu’elle ne les confie à personne d’autre.

    Suzanne choya les enfants avec un amour maternel et elle partagea avec eux le peu qu’elle avait. Ils adoraient vivre dans une ferme, entourés d’animaux. Yvonne allait à l’école. Les enfants restèrent chez Suzanne pendant dix huit mois quand Edith, craignant que Suzanne ait l’intention de les convertir au catholicisme, envoya son beau-frère reprendre les enfants. Suzanne refusa à cause de la promesse qu’elle avait faite à Edith. Mais trois jours plus tard, recevant un télégramme de leur mère, elle remit les enfants aux bons soins de leur oncle.

    Pendant ce temps, Edith avait déménagé dans une petite ville près de Lyon, où elle avait trouvé un emploi et s’occupait de deux femmes juives âgées à leur domicile en échange du gîte et du couvert. Les enfants la rejoignirent un certain temps puis furent envoyés dans une maison d’enfants gérée par l’OSE.

    Après la guerre, Suzanne épousa Monsieur Baron, un veuf avec deux enfants. Elle perdit le contact avec les enfants Hirsch qui avaient émigré en Israël avec leur mère en 1948. En 1977, Suzanne revit ses protégés quand Yvonne devenue Miriam et René devenu Mordechaï vinrent lui rendre visite à la ferme.

    Le 10 octobre 2011, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, à Madame Suzanne Baron, le titre de Juste parmi les Nations.

    Article de presse – La nouvelle république du 16/10/2015

     




    Mis à jour il y a 3 mois.