Dossier n°12721 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Diego Diaz

Année de nomination : 2013
Date de naissance : 01/11/1911
Date de décès : 04/04/1993
Profession : Docteur
    Localisation Ville : Toulouse (31000)
    Département : Haute-Garonne
    Région : Occitanie

    L'histoire

    Diego Diaz, chercheur en biologie, Résistant Républicain actif, a été contraint de fuir l’Espagne. Il se fixe, avec son épouse puis ses trois jeunes enfants, Diego, Jean-Pierre et Carmen, à Toulouse. La famille occupe le rez-de-chaussée d’un immeuble situé 27 rue Mulé. Cet immeuble abrite des réfugiés espagnols. Dès 1941, Diego DIAZ participe aux actions de Résistance.

    Richard Thieberger et son épouse Jenny née Weiss quittent Vienne (Autriche) en 1934, année où Richard Thieberger, après de brillantes études de langue et littérature allemandes et françaises, obtient un poste d’assistant de langue allemande au lycée de garçons de Reims. De 1936 à 1939, il est chargé de cours à l’université de Caen. En 1938, juste avant l’Anschluss, le couple est naturalisé français. En 1939, Richard est mobilisé. Sa femme fuit Caen, et fait l’exode avec sa fille Annie née en juin de la même année. La famille se retrouve par le plus grand des hasards à Poitiers.

    Après avoir été démobilisé, M. Thieberger, sous la protection du Doyen de la Faculté de Lettres de Toulouse Paul Dottin et du Professeur Jean Boyer, est, en janvier 1941, chargé de cours à l’Université et assistant au lycée. La famille Thieberger habite au premier étage de l’immeuble situé 27 rue Mulé à Toulouse. Le second enfant, Jacqueline, naît en janvier 1944.

    Le 3 mars 1944, le Dr Diaz aperçoit une voiture Citroën noire qui se gare devant l’immeuble, et il devine immédiatement qu’elle vient chercher la famille Thieberger. Il se met au piano. La Gestapo frappe à sa porte, et demande où est l’appartement de la famille Thieberger. Diego Diaz fait celui qui ne comprend pas. Alors que les hommes de la Gestapo vont se renseigner chez la concierge, et après avoir caché son fils sous l’escalier de la cave (son épouse et les deux autres enfants n’étaient alors pas là), Diego Diaz se précipite au premier étage, pour demander au voisin de pallier de la famille Thieberger de prévenir Mme Thieberger (son mari se trouvait à son travail, au lycée) afin qu’elle se cache sur le champ dans une mansarde, chez Ramona, avec ses deux jeunes enfants. Le temps était compté – une question de minute. Diego Diaz se remet au piano. Sous la menace d’un fusil, la Gestapo revient à son appartement, et entraîne Diego Diaz vers l’appartement de M. et Mme Thieberger. L’appartement est vide. La Gestapo conduit alors M. Diaz vers la Citroën. Menacé par l’arme, il n’a pourtant dit mot. La Gestapo (apparemment accompagnée d’un milicien) finit par le libérer, tout en ordonnant au Dr Diaz de dire à M. Thieberger, dès le retour de celui-ci à son domicile, de s’y trouver à 7h le lendemain matin, quand ces Messieurs allaient revenir.

    Dès le départ de la Gestapo, Jenny Thieberger, après avoir confié ses enfants à Mme Diaz et à Mme Boyer, traverse la ville en courant pour faire prévenir son mari au lycée, et lui faire dire qu’il ne devait surtout pas rentrer à la maison. Ce même jour, la famille Boyer contacte Mgr Saliège, Archevêque de Toulouse, qui, en étroite collaboration avec le recteur de l’Institut catholique de Toulouse, Mgr de Solages, procure des caches à la famille Thieberger. Mme Thieberger et sa fille Jacqueline sont cachées dans « la Maison des Mères ». M. Thieberger trouve refuge chez les Trappistes. Annie reste cachée chez la famille Boyer. Puis l’Église organise la fuite de la famille Thieberger à Mondilhan (Gers), à une centaine de kilomètres de Toulouse, où elle vécut dans la clandestinité pendant six mois. La famille Boyer continuera à veiller sur les fugitifs.

    Après le 19 août 1944, Richard Thieberger enseigne de nouveau à Toulouse, et y fonde l’Université du soir. Son parcours le conduit ensuite en Allemagne, en Zone d’Occupation française, où il est chargé de dénazifier les milieux culturels. Puis il est responsable du bureau de l’Édition et des Lettres à la Direction des Affaires culturelles de l’Ambassade de France. Un troisième enfant naîtra avec la paix retrouvée. Par la suite, il est nommé Maître-assistant à l’Université de Strasbourg, puis Professeur à l’Université de Nice.

    Par son courage et au péril de sa vie, Diego Diaz a sauvé Jenny et Richard Thieberger ainsi que leurs deux enfants Annie et Jacqueline.

    Le 29 août 2013, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné au Docteur Diego Diaz, le titre de Juste parmi les Nations.

    Documents annexes

    Invitation cérémonie DiazInvitation cérémonie Diaz



    Mis à jour il y a 12 mois.