Dossier n°12908 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2015

Fernand Deves

Année de nomination : 2015
Date de naissance : 21/03/1895
Date de décès : 12/09/1982
Profession : Transporteur routier

Emilie Deves Roux

Année de nomination : 2015
Date de naissance : 04/10/1902
Date de décès : 29/05/1972
Profession : Mère au foyer
    Localisation Ville : Bollène (84500)
    Département : Vaucluse
    Région : Provence-Alpes-Côte d’Azur

    L'histoire


     


     

    La famille Margolis est originaire de Lodz en Pologne. Edith Margolis est née en 1917, sa sœur Rose en 1921. Le père est un industriel. La famille a une bonne situation. Edith part à Paris faire des études de médecine. Rose la rejoint à Bordeaux en Août 1939 accompagnée de ses parents, pour y subir une opération. Puis les parents repartent en Pologne. La guerre éclate et les jeunes filles se trouvent bloquées en France sans argent. Edith trouve un travail d’employée de bureau et Rose travaille comme décoratrice pour subvenir à leurs besoins. Edith et Rose essaient de quitter la France sans y parvenir. Elles finissent par s’installer à Bollène dans le Vaucluse en juin 1940 en compagnie de la famille Sapir, des Juifs d’origine polonaise, qui cherchent aussi à s’abriter. Ils ont deux enfants Esther et Lutek.

    La famille Sapir a loué un vaste logement. Une chambre est attribuée à Edith et Rose. Elles ne payent rien, ni aux Sapir, ni aux propriétaires Emilie et Fernand Deves. Ceux-ci logent dans une partie de la maison. Emilie et Fernand sont instituteurs. Jusqu’en Août 1942, les sœurs Margolis vivent une vie normale, les Deves savent qu’elles sont juives. Pour subvenir à leurs besoins, Edith aide les enfants Deves à faire leurs devoirs, travaille chez un boucher et Rose fait de la couture.

    Début Août 1942, Edith a une crise d’appendicite. Madame Deves trouve un médecin. Edith est amenée à l’hôpital et opérée le 13 Août 1942. Suite à une directive des autorités à Avignon demandant l’arrestation des Juifs étrangers arrivés en France après 1936, le 26 Août, des policiers français arrivent chez les Deves. Sentant le danger proche, Madame Deves enferme Rose Margolis et Esther Sapir dans leur chambre pour éviter leur arrestation. Edith Margolis est en convalescence après son opération protégée par l’autorité médicale. Elle et Madame Sapir font croire qu’elles doivent être hospitalisées d’urgence. Le médecin de garde comprend la situation et les hospitalise. Malheureusement, Lutek Sapir est arrêté et amené au camp des Milles.

    Après le passage des policiers, Madame Deves amène les jeunes filles d’abord chez sa mère. Puis elles s’installent dans une maison isolée appartenant à la famille Mazur. Rose Margolis et Esther Sapir se déguisent en garçon et Fernand Deves prend sur sa selle Rose qui ne sait pas faire de vélo et les amène dans la maison des Mazur. Elles y restent quelques semaines. Puis elles partent à Perpignan où Monsieur Sapir a organisé leur passage en Espagne. Le passeur les ayant dénoncés, ils sont arrêtés et amenés en prison. Rose et Edith sont séparées de la famille Sapir. Monsieur Sapir est déporté en Pologne où il est assassiné.

    Rose et Edith sont envoyées à Rivesaltes puis au camp de Gurs en octobre 1942. Elles y restent jusqu’en avril 1943. La situation dans le camp est dure. Il y fait très froid. Ce qui les sauve, ce sont les vêtements chauds qu’elles reçoivent de la part d’Emilie Deves. Alors que le camp de Rivesaltes allait être évacué et ses occupants envoyés vers les camps d’extermination, une directive paraît indiquant que les personnes pouvant prouver qu’elles peuvent être accueillies par des Français seraient transférées chez ces personnes. Emilie Deves se rend chez le préfet du Vaucluse et parvient à le convaincre qu’elle et son mari prenaient la responsabilité des sœurs Margolis. Après avoir obtenu l’autorisation des autorités, Rose et Esther Margolis reviennent s’installer à Bollène le 13 avril 1943.

    Suite aux diverses descentes des Allemands dans la région, les Deves décident que pendant la nuit, il valait mieux pour les filles dorment dans un endroit sûr. Elles sont envoyées chez une veuve de la première guerre mondiale, Paulette Pomier où elles restent cinq mois. Durant la journée, les sœurs Margolis sont chez les Deves. Fernand Deves fait un trou dans un des murs en direction de la forêt pour le cas où elles devraient s’enfuir. Quand le danger devient imminent, les sœurs vont dans une famille de réfugiés espagnols près de Bollène. Vers la fin 1943, Rose et Edith reviennent habiter chez Madame Deves où elles retrouvent la famille Sapir. Ils y restent tous jusqu’à la fin de la guerre.

    Après la guerre, des liens très forts continuent d’unir les familles Deves et Margolis. Même après le départ des sœurs Margolis aux États-Unis, elles continuent à correspondre.

    Le 13 janvier 2015, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Justes parmi les Nations à Monsieur Fernand Deves et à son épouse Madame Emilie Deves.

    Documents annexes

    Invitation cérémonieInvitation cérémonie
    10 janvier 2018 07:38:10

    Articles annexes