Dossier n°13030 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Jean Alexandre Ordan

Année de nomination : 2015
Date de naissance : 29/03/1898
Date de décès : 18/11/1949
Profession : Camioneur
    Localisation Ville : Tourrettes-sur-Loup (06140)
    Département : Alpes-Maritimes
    Région : Provence-Alpes-Côte d’Azur

    L'histoire

    Israël Ortsman est né en 1904 en Pologne. Sa femme Rosa Stempel est née en 1914 en Allemagne. Fuyant leurs pays respectifs, ils se marient à Anvers en 1934. Israël qui est dans un commerce florissant d’œufs en gros doit alors se reconvertir. Rosa ouvre alors un atelier pour confectionner des vêtements dans une grande pièce attenante à leur logement et Israël les vend dans tout le pays. Leur fils Oscar naît l’année suivante. Les Allemands interdisent aux fabricants de vendre des tissus sans avoir un ausweis des autorités compétentes. Les tissus deviennent alors une denrée rare. Pour continuer à subvenir aux besoins de sa famille Israël et son beau-frère Max fabriquent des faux ausweis pour pouvoir continuer à acheter des tissus. Tout cet argent gagné est transformé aussitôt en pièces d’or et en bijoux ce qui leur permet de survivre pendant toute la guerre.

    La famille Ortsman quitte alors la Belgique pour Nice en 1941 pour fuir l’avancée des troupes allemandes. Les Ortsman prennent un train bondé qui s’arrête à toutes les gares. A l’arrivée des Italiens le 11 novembre 1942, la famille est assignée à résidence à Vence dans les Alpes Maritimes. Deux fois par jour Israël et Rosa doivent se présenter au bureau militaire où ils sont déclarés pour signer le registre qui certifie qu’ils sont bien résidents à Vence. Pour s’y rendre ils passent par un chemin de terre qui longe un champ qui appartient à un fermier, Joseph Ordan. Des liens d’amitié se tissent entre eux.

    La famille Ortsman retourne vivre à Nice après l’arrivée des Allemands en zone sud. Tous les membres de la famille se réfugient alors dans une cave du quartier des musiciens où la concierge leur apporte de la nourriture pour survivre. Mais la peur d’une dénonciation et les conditions de vie très difficiles et dangereuses, les poussent à contacter Joseph Ordan qui vient tous les chercher en camionnette, soit douze personnes au total. La famille demeure alors chez Joseph et son épouse Henriette puis à Tourrettes-sur-Loup où réside son frère, Jean Ordan. Ils sont tous éparpillés dans des familles du village.

    La famille aide aux travaux de la ferme, Israël est en charge des champs. La nourriture principale est composée de pommes de terre sous toutes ses formes et en lait de chèvre. Oscar suit des cours particuliers auprès d’un enseignant à la retraite pour ne pas prendre trop de retard à l’école.

    Un soir Rosa entend des bruits suspects, elle voit une compagnie allemande, les armes chargées qui encercle la ferme. Mais quand ils l’ont vu tenant son fils par la main et Israël qui ressemblait à un vrai fermer ils ont baissé leurs armes et sont partis.

    Il y a dans tout le village, une complicité tacite pour les protéger ainsi que d’autres familles juives cachées. Le curé demande à Oscar d’apprendre à servir la messe pour se familiariser avec les étapes de cette cérémonie et ainsi ne pas éveiller les soupçons.

    Cette situation perdure jusqu’au débarquement allié sur les côtes de Provence en août 1944.

    Sauvée, toute la famille a pu regagner la Belgique à la fin de la guerre.

    Le 19 avril 2015, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné à Jean, Joseph et Henriette Ordan, le titre de Juste parmi les Nations

     

     




    Mis à jour il y a 9 mois.