Dossier n°13051 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

François Parigny

Année de nomination : 2015
Date de naissance : 14/11/1891
Date de décès : 19/11/1973
Profession : Commerçant (bar-tabac)

Angèle Parigny Vaudouer

Année de nomination : 2015
Date de naissance : 23/10/1902
Date de décès : 22/04/1998
Profession : Commerçante (bar-tabac)
    Localisation Ville : Saint-Hilaire-du-Harcouët (50600)
    Département : Manche
    Région : Normandie

    L'histoire

    M et Mme PARIGNY

    Kurt Deichmann est originaire d’Allemagne. Il est employé à Karlsruhe dans une firme d’importation de lainages, que possède Isidore Aron. En juillet 1931, Kurt épouse Alice, la fille d’Isidore. Marion naît en 1932. La famille vit confortablement à Karlsruhe.

    En 1933, les persécutions antisémites commencent. L’entreprise est saccagée. Isidore liquide ses affaires et part habiter avec sa femme Bertha à Sarrebruck alors sous mandat de la Société des Nations. Kurt reste quelques mois à Karlsruhe, mais il ne trouve plus de travail et au printemps 1934, il vient s’installer avec sa famille à Remich au Luxembourg. La vie devient difficile et la discorde règne au sein du couple qui décide de se séparer. En octobre 1938, Kurt quitte le Luxembourg, transite par la Belgique, et le 26 janvier 1939, il s’embarque avec ses parents pour Rio de Janeiro pour rejoindre un frère aîné Eric. Alice, ne mesurant pas le danger, refuse de partir.

    Après le départ de Kurt, Alice et Marion quittent Remich pour Luxembourg ville. Leur vie devient encore plus précaire. Alice avait un frère installé à Londres, Martin, et un frère à Paris, Paul, que sa mère avait rejoint après la mort d’Isidore survenue au début mars 1938. En mars 1940, une lettre des services luxembourgeois lui indique que son visa provisoire n’est pas renouvelé et qu’elle doit quitter le Luxembourg avec sa fille. Le 10 mai 1940, les troupes allemandes envahissent le Luxembourg. Après avoir tenté en vain d’émigrer au Brésil, Alice décide de rejoindre sa famille à Paris. A la fin de l’été 1940, elle réussit à trouver un passeur à Bruxelles. Ni Marion, ni elle n’ont de visa. Après de nombreuses péripéties, elles parviennent chez l’oncle Paul qui habite avec Bertha dans le 14ème arrondissement. Peu après leur arrivée, Paul s’engage dans la Légion Etrangère. Ayant peu de ressources, elles s’installent dans un studio dans le 3ème  arrondissement où elles habitent jusqu’en juillet 1942.

    L’année 1940-1941 est une année d’adaptation. Marion parle très peu le français. Elle est inscrite à l’école primaire. Sa mère et sa grand-mère sont très isolées. Le matin du 16 juillet 1942, deux policiers en civil viennent arrêter Alice et l’arrachent à sa fille. Elle est emmenée à Drancy et déportée à Auschwitz par le convoi N° 12 du 29 juillet 1942. Elle est assassinée dès son arrivée. Marion et sa grand-mère restent seules. Le 16 juillet, dans la journée, un Juif allemand vient les inciter à quitter leur domicile. La grand-mère restera cachée chez une dame alsacienne, à Vanves, en proche banlieue parisienne pendant toute la guerre.

    Dans un état second, désemparée, Marion va de placement en placement. En septembre 1942, elle est placée chez une modiste et doit livrer des chapeaux. Elle n’est pas bien traitée, fait une fugue, se réfugie chez une chapelière qui ne peut la garder. Elle connaît encore plusieurs placements. Durant l’hiver 1943, après un long voyage avec une accompagnatrice, elle est confiée à la famille Parigny à Saint Hilaire du Harcouet dans la Manche.

    François et Angèle Parigny sont propriétaires d’un bar-tabac au centre de la petite ville. Ils ont deux garçons, Michel âgé de 15 ans, Daniel âgé de 8 ans et une fille Claudine âgée de 12 ans. Marion est traitée comme une enfant de la famille. Elle va avec Claudine dans une école catholique « l’Immaculée Conception ». Il y a beaucoup d’Allemands dans la région et une chambre est réquisitionnée pour un soldat allemand un certain temps. Sans doute par sécurité, Marion est baptisée et fait sa première communion. Quelques jours avant le débarquement, les Parigny sont avertis par des tracts de bombardements alliés. François Parigny va se réfugier avec sa famille et Marion dans la ferme de son frère à une dizaine de kilomètres de Saint Hilaire. Le 14 juin 1944, la ville est bombardée et détruite à 80 %. La maison des Parigny est détruite. A la fin de l’été, tous reviennent vivre dans des baraquements.

    Fin 1944, l’oncle Paul retrouve la trace de Marion, vient la rechercher et la ramène à Paris où se trouve sa grand-mère qui a survécu. Ils vont vivre pendant plusieurs mois dans le lieu de regroupement familial appartenant à l’ORT rue des Rosiers. Ils attendront en vain le retour d’Alice. Marion retourne en vacances chez les Parigny en 1945 et 1946.

    En septembre 1947, ils parviennent à émigrer aux USA. Marion reviendra à Saint Hilaire en 1953 et 1955. Elle garde le contact avec ses sauveurs jusqu’en 1973, année du décès de sa grand-mère et de François Parigny. A la publication de son livre « Je voudrais que son nom apparaisse partout » en 2012, le lien d’amitié a pu se renouer avec Claudine et Daniel Parigny, seuls survivants de cette généreuse famille.

    Le 23 juin 2015, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné le titre de Justes parmi les Nations à Monsieur François Parigny et à son épouse Madame Angèle Parigny.

     

    Documents annexes

    Invitation cérémonieInvitation cérémonie
    17 janvier 2019 07:19:13

     

    Les médias externes :