Dossier n°13181 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Edouard Vigne

Année de nomination : 2016
Date de naissance : 10/05/1910
Date de décès : 15/12/1982
Profession : Exploitant agricole

Julia Vigne

Année de nomination : 2016
Date de naissance : 14/02/1903
Date de décès : 20/08/1996
Profession : Exploitante agricole
    Localisation Ville : Saint-Pierre-de-Colombier (07450)
    Département : Ardèche
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Georges Picard, né en 1904 est issu d’une famille juive alsacienne tout comme sa femme Edith née en 1909. Ils se marient à Paris en 1931. Deux enfants naissent, Francine en 1933 et Jean-Claude en 1937. La famille Picard habite rue de la Pompe à Paris dans le 16ème arrondissement. Georges exerce la profession d’expert-comptable.

    En septembre 1939, Edith Picard s’installe avec ses deux enfants à Nice pour se rapprocher de son mari Georges, mobilisé et affecté comme capitaine d’artillerie de montagne au-dessus de Nice. C’est là qu’il rencontre Edouard Vigne, l’un des soldats de sa compagnie. Georges Picard rejoint un réseau de Résistance et il prend soin de sa famille à distance. Edith et les enfants le suivent dans ses pérégrinations.

    Edith et ses enfants s’installent alors à Labégude dans le département de l’Ardèche. Dans la nuit du 29 au 30 septembre 1943, veille de Rosh Hachana, ils sont prévenus par la Résistance d’une rafle imminente. Certaines rafles avaient déjà commencé depuis Langogne dans la vallée de l’Ardèche. La plupart des juifs de Vals-les-Bains avaient été avertis par la résistance comme la famille Picard, mais ne sachant pas où se réfugier et ne croyant pas à l’existence des camps de concentration, ont été raflés dans les trois jours qui ont suivi.

    A quatre heures du matin, en pyjama, ils partent, d’abord chez la femme de ménage qui habite à côté, Madame Escudier dont le fils est dans la Résistance avec Georges Picard.

    La cachette étant jugée peu sûre, d’ailleurs quelques minutes après leur départ précipité de chez Madame Escudier, les Allemands sont venus perquisitionner sa maison. Ils avaient des listes grâce aux nombreuses dénonciations de collaborateurs dans la région.

    Ils s’abritent donc à six heures du matin chez Henri et Noélie Martin, les directeurs de l’école communale dans leur appartement de fonction au troisième étage de l’école. La rentrée scolaire devant avoir lieu quelques jours après, le 4 octobre.

    Les Martin risquent leur vie en cachant les Picard et sont conscients des dangers qu’ils courent à cause des risques de dénonciations. Les Picard voient les camions allemands stationnés sur la place de Labégude. Ils assistent à l’arrestation des 78 Juifs raflés les jours précédents dans la région.

    Les Picard errent ensuite dans plusieurs endroits en Ardèche, sans identité, avant de trouver refuge dans la ferme d’Edouard et Julia Vigne qui sont frère et sœur. La ferme est très isolée et on y accède par un sentier à trois-quarts d’heure de marche de Saint-Pierre-du-Colombier, sans aucun moyen de communication. Edouard et Julia leur laissent leurs chambres respectives, les nourries grâce aux produits de leur ferme. Les enfants Picard gardent les moutons et la vache avec Edouard et vont aussi à la cueillette des châtaignes. Quand il y avait un visiteur, les enfants allaient se cacher dans la châtaigneraie. Les seuls contacts étaient un vieil homme Marius et son épouse Rose, boulangers à Saint-Pierre-de-Colombier qui appartenaient au même réseau que Georges Picard. Les Vigne vont les abriter pendant 3 mois au péril de leur vie. Même si leur ferme était isolée il y avait des patrouilles allemandes qui passaient régulièrement par Saint-Pierre-de-Colombier et la densité très faible de population augmentait le risque d’être dénoncé.

    En décembre 1943, Georges Picard vient chercher sa famille et l’installe dans les Alpes de Haute Provence. Les Picard changent alors d’identité grâce à de faux papiers d’identité et se nomment « Parend ». Les enfants vont pouvoir aller à l’école. Leur errance continue et ils s’installent à Banne en Ardèche où Francine passe son certificat d’études sous son faux nom en mai 1944.

    Le 14 juillet 1944, un camion de la Résistance avec un drapeau bleu blanc rouge se heurte à une colonne allemande qui remonte vers le nord en dessous de Banne. Georges Picard craint des représailles et la famille retourne en septembre 1944 à Labégude chez les Vigne jusqu’au retour du chef de famille Georges Picard.

    A la libération, la famille Picard enfin réunie, retourne à Paris. Les liens ont perduré après-guerre. Georges a même fait installer l’eau courante dans la ferme des Vigne.

    Le 29 février 2016, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah,  a décerné à Edouard Vigne et sa sœur Julia, le titre de Juste parmi les Nations.




    Mis à jour il y a 9 mois.