Dossier n°13665 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Roger Fontaneau

Année de nomination : 2018
Date de naissance : 09/10/1919
Date de décès : 18/01/1968
Profession : professeur d’Histoire-Géographie

Raymonde Fontaneau Rivière

Année de nomination : 2018
Date de naissance : 07/11/1924
Date de décès : 08/09/2023
Profession : Sans profession
    Localisation Ville : Toulouse (31000)
    Département : Haute-Garonne
    Région : Occitanie

    L'histoire

    Victor David Sattinger, né en 1899 en Autriche a fait ses études à Vienne et a gardé sa nationalité autrichienne est s’installant à Paris en 1928. En 1929 il épouse Renée Rachel née en 1906 à Paris qui est de nationalité française. Deux enfants sont nés de cette union : Colette née en 1933 et Gérard en 1934. La famille habite Boulevard Voltaire à Paris dans le 11ème arrondissement. Les parents exploitent un commerce de lainages à la même adresse.

    Le 13 mai 1941, Victor Sattinger reçoit une convocation de la Préfecture de Police de Paris  « l’invitant » à se présenter le 14 mai 1941 au Gymnase Japy dans le 11ème arrondissement. Il est immédiatement arrêté puis interné dans le camp de Pithiviers dans le Loiret durant quatorze mois. Au cours de cette période, Rachel et ses deux enfants restent dans l’appartement et rendent régulièrement visite à Victor. Le 17 juillet 1942, Victor Sattinger est déporté à Auschwitz par le convoi N° 6, où il est assassiné.

    Après la rafle dite du « Vel d’Hiv », la présence de Rachel Sattinger et de ses deux enfants à Paris devient dangereuse. Aussi Rachel décide de partir pour Toulouse rejoindre sa soeur, Germaine Pizanti, qui réclame sa présence auprès d’elle afin de s’occuper de ses enfants durant l’intervention chirurgicale qu’elle doit subir. Pour se rendre à Toulouse, Rachel et ses enfants franchissent clandestinement la ligne de démarcation guidés par un passeur inexpérimenté. Ils ont eu la chance de ne pas être arrêtés.  Arrivés à Toulouse, les Sattinger ont d’abord habité dans l’appartement de Germaine Pizanti.

    Le 8 novembre 1942, les Allemands occupent Toulouse, ce qui augmente les dangers. Cette situation de semi-clandestinité est angoissante lors des démarches à la Préfecture pour renouveler les tickets de rationnement. Dans ces conditions, il est impossible pour les deux enfants d’être inscrits à l’école à Toulouse. Aussi Rachel recherche une enseignante acceptant de leur donner des cours particuliers de français et mathématiques. La mère justifie ce choix par le fait que sa fille est chétive et que son état de santé ne lui permet pas d’être inscrite à l’école. Sur recommandation d’une voisine, Rachel fait la connaissance de Madame Raymonde Fontaneau, épouse de Monsieur Roger Fontaneau, professeur d’histoire-géographie. Ils habitent rue Mathaly, proche de la villa où les Sattinger demeurent. Madame Fontaneau est une jeune femme très sympathique et gaie. Elle n’est pas enseignante, mais disposée à donner des leçons à des enfants de huit et neuf ans. Etant voisine, elle vient à domicile pour leur donner des cours durant l’année scolaire de septembre 1943 à fin juin 1944.

    Un matin, après le 27 juillet 1944, alors que les enfants font leurs devoirs, deux fonctionnaires de la Police française se présentent au domicile de Monsieur Nusbaum chez qui les Sattinger sont sous-locataires. Les policiers donnent le prétexte de récupérer les valises de Monsieur Nusbaum qu’ils venaient d’arrêter. Les policiers ont cru un moment que Rachel était Madame Nicolas, la propriétaire de la villa. Dès que les deux policiers se sont éloignés, Rachel et ses enfants quittent leur habitation, leur présence étant devenue trop dangereuse en cas de contrôle et de retour de la Police. Rachel choisit d’aller se réfugier avec les enfants chez la seule personne de confiance qu’elle connaisse, habitant le quartier, chez Madame Fontaneau.

    Madame Fontaneau les accueille tous les trois chez elle. Elle comprend leur angoisse, sans poser de questions. Rachel lui a fait savoir qu’ils sont Juifs. Les enfants passent leurs journées dans sa maison à lire, tandis que Rachel parcourt Toulouse à la recherche d’un autre appartement. Madame Fontaneau s’occupe des deux enfants, tant pour les repas, que pour leurs tenues vestimentaires. Les Sattinger sont restés quelque temps chez leurs hôtes, jusqu’au jour où Rachel trouve enfin un petit appartement bien laid, rue Frizac, dans un autre quartier de Toulouse, où ils ont séjourné jusqu’à leur retour à Paris après la libération de Toulouse le 20 août 1944.

    Madame Fontaneau n’a tiré aucun avantage financier pour leur hébergement, il s’agissait d’un geste purement humanitaire. Par ailleurs, Monsieur Fontaneau était membre d’un réseau de Résistance régional ainsi que le cousin de Madame Fontaneau. Celui-ci a accompagné Rachel jusqu’à son précédent domicile afin d’y récupérer ses effets personnels et les valises. Dès que Rachel a obtenu le moyen de retourner à Paris, les Sattinger ont fait leurs adieux à la famille Fontaneau en les remerciant infiniment de leur aide. A leur retour à Paris, Rachel a continué, durant quelques mois, à correspondre avec Madame Fontaneau et a ainsi été avisée de la naissance, en novembre 1945 de son fils Claude.

    Le 5 juin 2018, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Monsieur Roger Fontaneau et à son épouse Madame Raymonde Fontaneau.

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    Documents annexes

    Invitation cérémonieInvitation cérémonie
    Article de presse - Depeche du midi du 05/02/2019Article de presse – Depeche du midi du 05/02/2019
    Article de presse - Depeche du midi du 03/02/2019Article de presse – Depeche du midi du 03/02/2019
    Article de presse - Depeche du midi du 26/01/2019Article de presse – Depeche du midi du 26/01/2019

    Articles annexes




    Mis à jour il y a 9 mois.