Dossier n°14162 - Juste(s)

Consulter le dossier de Jérusalem (en anglais)


Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Robert Léon Ruffin

Année de nomination : 2022
Date de naissance : 27/08/1902
Date de décès : 11/04/1979
Profession : Commerçant

Charlotte Suzanne Ruffin Legrand

Année de nomination : 2022
Date de naissance : 01/12/1899
Date de décès : 09/10/1972
Profession : Commerçante
    Localisation Ville : Compiègne (60200)
    Département : Oise
    Région : Hauts-de-France

    Personnes sauvées

    L'histoire

    Zysman Wenig et Khayè, née Grundman, sont tous deux nés à Konskie en Pologne. Ils ont émigré de Pologne pour la France pour rejoindre une partie de leur famille établie à Paris dans les années 30.

    Zysman et Khayè se marient en 1936. Ils ont deux fils, Jacques né en 1936 et Roger né en 1940.

    Zysman est tailleur pour femme à façon et son épouse l’aide en tant que finisseuse. Peu de temps après la déclaration de guerre avec l’Allemagne en 1939 Zysman tente d’intégrer la Légion Etrangère où il est refusé car il n’a pas les caractéristiques physiques requises.

    En 1939 le couple Wenig confie leur fils Jacques à Charles et Marie Monnier qui vivent à Beauchamp dans la Somme. Ce couple recueille Robert et Jacques après l’invasion de la France en 1940. Tous deux restent chez eux, Jacques jusqu’en décembre 1942 et Roger pour toute la durée de la guerre. Ce couple a été reconnu par Yad Vashem comme Justes parmi les Nations en 2004.

    Zysman Wenig, est arrêté par la police française le 14 mai 1941. Il est interné au camp de Pithiviers jusqu’à son départ pour Auschwitz le 25 juin 1942 par le convoi numéro 4. Il est déporté à Auschwitz, puis envoyé au camp de Mauthausen en Autriche et ensuite il est transféré à Ebensee. Il est libéré par l’armée américaine le 6 mai 1945. À son retour à Paris il retrouve sa femme et ses deux garçons. Il est le seul survivant des 13 personnes de sa famille qui ont été soit déportées ou assassinées par les nazis. Il a vécu jusqu’à plus 100 ans. Il décède en octobre 2013.

    Après l’arrestation de son mari en mai 1941, Khayè se retrouve seule, ses deux enfants se trouvant en pension chez le couple Monnier.
    Après le départ de son mari à Auschwitz la plus grande partie de la famille est arrêtée lors de la rafle du Vel’ d’Hiv’. Ces arrestations et déportations l’ont profondément affectée. Elle est hospitalisée à l’hôpital de la Salpêtrière durant l’été 1942. À sa sortie fin 1942 elle réussit par ses relations et vraisemblablement par un réseau de résistance à trouver un emploi de cuisinière dans une famille bourgeoise de Compiègne, Monsieur et Madame d’Angleterre. Peu de temps après être entrée à leur service elle leur demande s’ils connaissent des amis qui seraient susceptibles de recueillir son fils aîné Jacques afin de soulager le couple Monnier qui n’a pas beaucoup de ressources et qui est déjà relativement âgé. C’est ainsi que Jacques vient chez un couple d’amis des d’Angleterre : Robert et Charlotte Ruffin qui exploitent un petit commerce d’épicerie débit de boisson, dans une banlieue de Compiègne dénommée Royallieu, situé près du camp d’internement.

    Le couple Ruffin accueille Jacques comme leur filleul. Il les appelle parrain et marraine. Ils le traitent comme s’il était véritablement leur fils tout au long de son séjour. Il va à l’école communale où il poursuit une scolarité normale sans être inquiété.
    Dans le cadre de leur commerce, Robert et Charlotte Ruffin recoivent des soldats Allemands, mais Jacques ignore tout de leurs activités secrètes. Khayè, sa mère vient le voir aussi souvent qu’elle le peut. Jacques reste chez les Ruffin jusqu’à la libération de Compiègne en août 1944.

    Khayè rentre à Paris où elle récupère l’appartement familial. Jacques réintégre le domicile familial pour la rentrée des classes en septembre 1945. Khayè décède en janvier 1949 des suites de la guerre, n’ayant jamais pu se remettre de la perte de ses proches qu’elle adorait.

    Jacques reste en relations étroites avec Charles et Marie Monnier aussi bien qu’avec Robert et Charlotte Ruffin jusqu’à leur décès.