Dossier n°14333 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Marcelline Orsi Luciani

Année de nomination : 2024
Date de naissance : 08/05/1907
Date de décès : 06/11/1988
Profession :

Augustin Orsi

Année de nomination : 2024
Date de naissance : 21/09/1902
Date de décès : 14/04/1945
Profession : Commissaire principal de police
    Localisation Ville : Sartrouville (78500)
    Département : Yvelines
    Région : Ile-de-France

    L'histoire

    Commissaire Orsi

    Commissaire Orsi

    Une chaîne de sauvetage 

    Israël Wajndling est né à Slomniki en 1907. Il est l’aîné d’une fratrie de 10 enfants. Il émigre en France et s’installe à Paris et devient boutonniériste. Il rencontre Mala Wiklinska née en 1907 en Pologne. Deux enfants naissent de cette union : Bernard en 1931 et Micheline en 1933.  La famille Wajndling habite 56 avenue de la République à Paris dans le 11ème arrondissement.

    Leurs voisins corses, les Pozzo di Borgo tiennent un café au 3 rue de la Fontaine au Roi. Quand ils ne peuvent plus exercer leur activité, l’appartement et tout ce qu’il contient est confié aux Pozzo di Borgo qui en deviennent responsables. Mala Wajndling aura bien du mal à récupérer son atelier et ses machines après-guerre.

    En 1939, à la déclaration de la guerre, Israël Wajndling s’engage comme volontaire dans la Légion pour combattre contre l’Allemagne. Il est démobilisé à Toulouse et rentre à son domicile. En août 1941 a lieu une rafle des Juifs à Paris. Israël Wajndling est arrêté et envoyé à Drancy. Il y reste jusqu’en juin 1942. Mala emmène les enfants voir Israël au café situé en face de l’entrée du camp. Leur signe pour se donner des nouvelles, si Israël a les bras tendus, c’est qu’il reste à Drancy, s’il plie le coude, c’est qu’il doit partir. Un jour, Bernard réussit à entrer dans le camp de Drancy en se glissant sous les barbelés et il a pu ainsi voir son père et ressortir par l’arrière du camp. Le 21 juin 1942, Israël écrit sa dernière lettre du camp de Drancy. Il fait partie du convoi N° 3 qui part le 22 juin. Il réussit à envoyer encore un dernier message en le jetant du train qui l’emmène à Auschwitz. Israël Wajndling meurt le 22 juillet 1942 après être passé dans le bloc du docteur Mengele.

    Les menaces deviennent plus intenses pour les Juifs de Paris, le port de l’étoile jaune, les insultes, les fuites, les traques, les fausses identités… Mala se tourne vers ses voisins, les Pozzo di Borgo qui ont un cousin commissaire de police à Paris.

    Augustin Orsi habite avec son épouse Marcelline dans un pavillon rue de Palis à Sartrouville en région parisienne. C’est chez eux qu’elle va aller se cacher avec ses deux enfants. Le couple Orsi les installe dans une chambre de leur grande maison.  Il est aussi membre du réseau Jade Fitz Roy et aide de nombreux résistants à se soustraire à l’ennemi.

    Augustin Orsi est dénoncé et arrêté dans son bureau à la mairie de Sartrouville pour faits de résistance le 19 février 1944 et meurt d’épuisement le 14 avril 1945 au commando d’Ebense (qui dépend de Mauthausen) près de Salzbourg.

    Bernard est présent lors de son arrestation par la police française et la Gestapo. Augustin Orsi lui glisse un petit paquet dans les mains avant d’être emmené. Il découvre après son départ qu’il s’agissait de tampons servant à faire des faux papiers d’identité.

    A Sartrouville, les voisins des Orsi sont Joseph et Jeanne Guénantin. Un mur sépare les deux maisons. Après l’arrestation de Auguste Orsi, Mala et ses deux enfants sautent par-dessus le mur et sont recueillis par Joseph et Jeanne Guénantin. Ils ont un fils, Jean qui s’engagera dans la marine après guerre.

    Ils vont rester dans leur pavillon pendant quelques mois. Joseph Guénantin est professeur dans un collège technique et sa femme Jeanne est institutrice.

    Quand la situation est devenue à nouveau dangereuse ils ont dû quitter cette cachette. Joseph Guénantin va alors les accompagner jusqu’à la gare Saint-Lazare pour prendre le train et aller chez un de ses amis qui habite au 7 rue Saint Dominique à Paris, Henri Labanot. Il est serrurier et habite avec sa femme Marie et leurs deux enfants Annick et Maurice, un appartement de fonction de trois pièces au Ministère de la Guerre où s’est installée la Kommandantur.

    La famille Wajndling loge dans une pièce de l’appartement. Un jour, Bernard jouait au foot dans la cour du ministère. Il avait envoyé le ballon sur une borne d’incendie qui déclencha une sirène d’alarme. Les Allemands ont cherché à savoir qui avait fait ça. La situation était dangereuse pour les Wajndling et pour les Labanot. La famille a dû encore une fois partir et trouver une autre cachette.

    Il est temps encore une fois pour nous de quitter l’appartement des Labanot.  Le point de chute avait été décidé : Saint-Michel-sur-Orge chez des amis des Labanot, Louis et Juliette Rameau. Ils habitaient rue Émile Berther. Louis était un grand mutilé de la guerre de 14/18. Le couple avait deux enfants Gilbert et Monique.

    Pour ne pas éveiller les soupçons, la famille Wajndling allait à l’église, Bernard était même enfant de chœur. Le curé avait été mis dans la confidence. Quand la Libération arrive à l’été 1944, Mala et ses enfants sont toujours chez les Rameau.

    Bernard et Micheline n’ont pas eu la chance de suivre des études pendant la guerre, de plus Mala est tombée malade pendant la guerre et décède en 1947. Les deux enfants sont alors placés sous tutelle d’un membre de la famille de Mala.

    Mala a permis à ses deux enfants de ne pas être séparés pendant toute la durée de l’occupation. Grâce  au petit pécule laissé par Israël et même s’ il n’y a pas eu de compensation financière envers les différentes familles qui les ont hébergés tous les trois, cela leur a permis de pouvoir survivre. Comme Mala avait un fort accent yiddish, plusieurs fois, les sauveurs successifs lui ont conseillé de ne pas parler et de passer pour muette.

    Sans l’aide et le dévouement courageux de tous ces bienfaiteurs, qui ont pris de gros risques en hébergeant une mère juive et ses deux enfants, Mala et ses enfants ont eu la vie sauve.

    Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah,  a décerné à Joseph et Jeanne Guenantin, Augustin et Marcelline Orsi, Henri et Marie Labanot et Louis et Juliette Rameau, le titre de Juste parmi les Nations.

     




    Mis à jour il y a 2 mois.