Dossier n°1807B - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Marguerite Roques

Année de nomination : 1980
Date de naissance : 02/07/1914
Date de décès : 05/05/2001
Profession : Professeur de mathématiques, administrative de l’école catholique
    Localisation Ville : Capdenac (12700)
    Département : Aveyron
    Région : Occitanie

    L'histoire

    Encouragé par l’intervention de monseigneur Saliège, archevêque de Toulouse, le clergé de son diocèse déploya de grands efforts pour sauver des enfants juifs. La colonie de vacances Sainte-Germaine, organisée chaque année par Louise Thèbes (q.v.) pour les enfants de familles catholiques pauvres, participa à cette oeuvre de salut. La colonie se tenait dans les locaux du couvent de Notre Dame de Massip, à Capdenac (Lot). En 1942, cet établissement comprenait une école et un petit internat. L’endroit était modeste : au début il n’y avait ni eau courante, ni chauffage ni téléphone dans l’établissement. Pendant l’année scolaire, il ne comptait qu’une douzaine d’enfants, bien que les quatre dortoirs pouvaient en accueillir une soixantaine. Les cinq premiers réfugiés juifs arrivèrent en décembre 1942, pendant les vacances de Noël. Sur les quinze religieuses de l’établissement, trois seulement étaient dans le secret : Denise Bergon (q.v.), chargée de l’internat; la mère supérieure du couvent et Marguerite Roques qui enseignait les mathématiques et s’occupait de l’administration. L’aumônier fut aussi mis au courant. Les enfants allaient à la messe le dimanche, afin de ne pas attirer l’attention. Les instructions données à la Mère supérieure par monseigneur Saliège, qui savait qu’elle ne ferait pas de prosélytisme, étaient fort claires : « Vous aurez à mentir, mentez donc toutes les fois que cela sera nécessaire, je vous donne par avance toutes mes absolutions. » Pour expliquer leur fort accent étranger, les enfants étaient présentés comme des réfugiés de Lorraine. Pour celles des religieuses qui connaissaient leur véritable identité et les souffrances qu’ils avaient enduré, ils étaient des enfants en détresse, « et (elles) ont fait l’impossible pour les rendre à leurs parents. » D’autres enfants juifs arrivèrent pendant les vacances de Pâques 1943; il y avait désormais une trentaine de jeunes juifs dans l’établissement. Tous avaient été arrachés de façon plus ou moins légale aux camps d’internement du sud-ouest de la France et de la région de Lyon après la déportation de leurs parents. En été 1944, ils étaient soixante-cinq, pour la plupart logés dans les dortoirs; les jeunes filles couchaient dans la cave de l’église. Les religieuses avaient à résoudre le problème de la sécurité des enfants, de leur entretien et de leur éducation. Denise Hervichon et Annie Beck, qui avaient quinze ans, le petit Albert Seifer, huit ans et sa grande soeur Berthe, 12 ans, furent parmi les réfugiés qui trouvèrent asile au couvent. Tous les enfants cachés à Notre Dame de Massip survécurent à l’Occupation et rentrèrent sains et saufs à Toulouse après la Libération.

    Le 8 juillet 1980, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Marguerite Roques le titre de Juste parmi les Nations. 

    La dépêche 02 07 2023




    Mis à jour il y a 7 mois.