Dossier n°1925 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Hélène (Gutzler) Burger

Année de nomination : 1980
Date de naissance : 16/05/1900
Date de décès : 04/06/1987
Profession : Infirmière bénévole au service de la Croix Rouge
    Localisation Ville : Paris (75000)
    Département : Paris
    Région : Ile-de-France

    Lieu de mémoire

    L'histoire

    Lorsque les Allemands annexèrent l’Alsace, Hélène Burger, qui habitait Mulhouse, réussit à prendre la fuite avec son fils en empruntant une ambulance en route pour Agen dans le Lot-et-Garonne. Elle devint infirmière bénévole au service de la Croix-Rouge. Sa tâche principale était d’escorter des enfants réfugiés qu’on faisait passer de la zone occupée à la zone libre, et vice-versa, pour retrouver leurs familles. C’est ainsi qu’en mai 1942 elle eut à accompagner un groupe d’enfants, parmi lesquels se trouvaient deux jeunes juives, place de la Madeleine à Paris, où une autre infirmière de la Croix-Rouge devait les prendre en charge. Elle attendit près d’une heure mais l’infirmière n’arriva pas. Un policier français la remarqua et la conduisit à un officier allemand. Ce dernier se mit à l’interroger. Hélène Burger, qui parlait couramment l’allemand, expliqua qu’elle ramenait des enfants à leurs parents en Alsace. L’officier, qui ignorait que certains de ces enfants étaient juifs, fut favorablement impressionné et donna à la jeune femme un ausweiss spécial pour le voyage. Il lui fournit également un laissez-passer Agen-Paris, valable un an, dont elle se servit pour plusieurs missions. Après les grandes rafles de Juifs parisiens, beaucoup d’enfants qui avaient pu être cachés chez des voisins ou des amis se trouvaient encore dans la ville. Hélène Burger était chargée de les repérer et de les conduire à Brive-la-Gaillarde, dans la Corrèze, où ils étaient pris en charge par une organisation juive d’aide. Toutefois, elle n’avait pas le droit de convoyer plus de huit enfants à la fois, ce qui l’obligea à faire de nombreux voyages. Pour détourner les soupçons, les petits Juifs se voyaient donner un faux nom. Hélène Burger aida également deux familles juives, qui avaient chacune deux enfants, à passer clandestinement la frontière suisse en 1943. La famille Muller vivait dans la zone sud. Max Muller avait fait la connaissance de la jeune femme dans un train au sud de la France, alors que, revêtue de son uniforme d’infirmière, elle escortait des enfants venant de la zone occupée. Il lui demanda de l’aider à faire venir son propre fils de quinze ans qui était resté à Versailles. Elle accepta; l’opération fut couronnée de succès et la famille réunie. Toutefois, lorsque la nouvelle d’une déportation imminente des Juifs se répandit, Max Muller fit encore appel à la jeune femme. Madame Muller, déguisée en infirmière, se joignit à Hélène et toutes deux escortèrent en train les enfants, faisant figure de petits malades, et censés se rendre dans un établissement situé à St. Julien en Genevois, près de la frontière suisse. Le moment venu, ils quittèrent le train avec la complicité des cheminots et traversèrent la frontière.

    Le 20 novembre 1980, Yad Vashem – Institut International pour la mémoire de la Shoah, a décerné à Hélène Burger, le titre de Juste parmi les Nations.