Dossier n°338 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 1975

Jeanne Gellert

Année de nomination : 1975
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : sans profession
    Localisation Ville : Crécy-la-Chapelle (77580)
    Département : Seine-et-Marne
    Région : Île-de-France

    Personnes sauvées

    L'histoire

    Jeanne Gellert vivait à Crécy-en-Brie avec son mari, le docteur Etienne Gellert, qui était juif, et leurs deux jeunes enfants. Mobilisé, le docteur Gellert fut fait prisonnier. Libéré, il rentra chez lui. Les lois anti-juives de Vichy excluaient les Juifs de l’exercice de la médecine. Il décida de ne pas se faire recenser comme juif et de continuer à pratiquer. Un soir de l’hiver 1942, le couple avait invité plusieurs amis à dîner; le docteur était le seul juif présent. L’un des invités, M. Bouverait, raconta qu’il oeuvrait pour sauver des enfants juifs. Etienne Gellert, ému, révéla alors son identité, ajoutant qu’il souhaitait participer à cette action de sauvetage. Il devait expliquer plus tard cette décision : « La pensée de ne rien faire, quand des Chrétiens, qui n’auraient jamais été molestés s’ils avaient consenti à se tenir à l’écart des problèmes juifs m’est devenue intolérable ». Quelques semaines plus tard, il reçut un télégramme ainsi libellé : « Colis arrivé – vous attend café X boulevard Saint Michel à Paris. » Jeanne Gellert prit le train pour Paris et, se rendant à l’adresse indiquée, se vit confier la petite Esther Rochman, âgée de quatre ans. Ses parents, des Juifs polonais, avaient été internés à Drancy, puis déportés. Les Gellert élevèrent l’enfant comme si elle était la leur. Ils changèrent son prénom en celui de Françoise et la présentèrent comme leur fille aux voisins et aux nombreux Allemands cantonnés dans le secteur. Après la Libération, Jeanne voulut rendre l’enfant à sa famille. Elle la conduisit à Paris, rue Basfroi dans le 11ème. Esther avait de vagues souvenirs d’enfance; un boulanger qui se souvenait d’elle donna quelques détails sur sa famille. Quelques jours plus tard, des membres d’une organisation juive se présentèrent chez les Gellert pour récupérer la petite fille, qu’ils placèrent dans une maison d’enfants à Malmaison. La séparation fut difficile pour Jeanne. Apprenant que la fillette était malheureuse, elle déposa une demande pour la reprendre. Sur la recommandation du médecin de l’établissement, elle eut gain de cause. Par la suite, Esther fut néanmoins envoyée chez des parents aux Etats-Unis; elle finit par partir pour Israël. Pendant de longues années, elle chercha les Gellert qui avaient déménagé. Lorsqu’elle les retrouva enfin, ce fut une émotion intense pour eux tous, surtout pour Jeanne. Elles se mirent à correspondre; Jeanne lui écrivit notamment : »Un jour, on est venu te chercher pour te placer dans un home. J’ai eu un chagrin terrible. J’ai tellement pleuré pendant des jours… et dis-toi, Françoise, qu’une partie de ma vie a été un peu pour toi. » Esther Rochman est venue rendre visite en France à ses sauveteurs.

    Le 23 janvier 1975, Yad Vashem a décerné à Jeanne Gellert le titre de Juste parmi les Nations.

     

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