Dossier n°3833 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 1988

Gabrielle Barraud

Année de nomination : 1988
Date de naissance : 07/07/1922
Date de décès : 20/04/2011
Profession : Directrice de maison d’enfants

Georgette Barraud

Année de nomination : 1988
Date de naissance : 24/05/1893
Date de décès : 24/01/1984
Profession : Directrice de maison d’enfants
    Localisation Ville : Le Chambon-sur-Lignon (43400)
    Département : Haute-Loire
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Georgette Barraud vivait au Chambon-sur Lignon (Haute-Loire), localité en majorité protestante. Avec sa fille Gabrielle elle dirigeait la maison Beau Soleil, un foyer pour enfants. Pendant l’occupation, elle se consacra, comme nombre des habitants de la ville, à des activités charitables, en coopération avec la CIMADE, le comité protestant d’aide aux réfugiés. Georgette hébergea dans son établissement des Juifs – seuls ou familles entières – parfois pendant de longues périodes, malgré la menace d’arrestation et de déportation qui pesait sur quiconque aidait les Juifs. Bien que ces réfugiés fussent munis de faux papiers d’identité, elle savait qu’ils étaient Juifs. Parmi eux se trouvaient Serge Sobelman, âgé de quatorze ans, et sa mère. Tous deux s’étaient enfuis de chez eux pour éviter d’être arrêtés comme le père de Serge, qui était interné dans un camp pour « travailleurs étrangers ». Madame Sobelman avait demandé conseil à un prêtre catholique, qui lui avait recommandé d’envoyer son fils au Chambon-sur-Lignon. L’adolescent fut accepté au Collège Cévenol où il entra sous son propre nom, qui était pourtant bien juif. Personne n’y prêta attention. L’adolescent devint membre d’une association protestante de l’endroit patronnée par l’YMCA et en portait la chemisette avec l’insigne, pour éviter les éventuelles rafles de Juifs dans la rue. Serge vécut ainsi de juin 1942 à mars 1943, ses parents ne payant qu’une somme modique pour sa pension. Oskar Rosowsky, un réfugié juif allemand qui vivait à Nice depuis 1933, séjourna lui aussi à Beau Soleil. Sa mère, qui avait échoué dans sa tentative de passer la frontière clandestinement, avait été internée au camp de Rivesaltes, Oskar réussit à l’en faire sortir avec une fausse autorisation. Sur la recommandation de deux partisans français avec lesquels il fabriquait de faux papiers, Rosowsky partit pour le Chambon où il resta deux ans : d’octobre 1942 à janvier 1943 il vécut au foyer des Barraud. Georgette réussit à procurer de faux papiers d’identité à plusieurs Juifs réfugiés à Beau Soleil, notamment au professeur George Vajda, spécialiste en philosophie juive du Moyen-âge et enseignant au séminaire rabbinique.

    Le 28 mars 1988, Yad Vashem a décerné à Georgette et Gabrielle Barraud le titre de Juste des Nations.

     

    Le témoignage

    Le Dr Rosowski Oscar, né en 1923, avait quitté Berlin en 33 avec ses parents. La famille vivait à Nice. En juillet 42, le père est arrêté et déporté à Auschwitz d’où il ne revint pas. Oscar est lui-même interné le 9 août à Mandelieu dans un camp de travailleurs étrangers d’où il réussit à s’évader en septembre. Lors d’une tentative de passage en Suisse, sa mère est arrêtée et internée au camp de Rivesaltes. Oscar réussit à la faire sortir grâce à une fausse autorisation.
    Après les rafles de l’été 42, sur les conseils de ses amis Charles Hanne et sa soeur avec lesquels Oscar fabriquait des fausses pièces d’identité à Nice, il se rend au Chambon sur Lignon où il séjourne, d’octobre 42 à janvier 43, au foyer Beau Soleil. Il s’agissait d’une pension de famille dirigée par Georgette Barraud et sa fille Gabrielle. Cette pension recevait des enfants et des adultes parmi lesquels des réfugiés juifs munis de faux-papiers qui y vivaient clandestinement avec la complicité de Georgette et Gabrielle Barraud. Oscar la quitta lorsque ses activités de fabricant de faux papiers prirent de l’extension.

    Georgette BARRAUD

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