Les Justes
Olga (Baumgartner) Saint-Blancat
Année de nomination : 1988Date de naissance : 27/11/1913
Date de décès : 22/02/2013
Profession : Capitaine dans l’Armée du Salut
Département : Territoire de Belfort
Région : Bourgogne-Franche-Comté
Personnes sauvées
Lieu porteur de mémoire
L'histoire
Olga St. Blancat-Baumgartner est capitaine dans l’Armée du salut. Lorsque la guerre éclate, elle habite à Belfort. En juillet 1942, la directrice du poste de la Croix-Rouge à la frontière suisse, Mademoiselle Mottet, vient lui parler des petites filles Mohrer. Leurs parents, des Juifs de Bruxelles, avaient engagé un guide pour faire passer la famille en Suisse. Après avoir empoché l’argent, l’homme a dénoncé les fugitifs aux Allemands. Les parents et la grand-mère ont été immédiatement internés.
Les fillettes, Marianne, trois ans et Gisèle, huit mois, sont remises à la Croix-Rouge. C’est en effet la première fois qu’une famille avec de si petits enfants est arrêtée. Les Allemands à ce stade, n’ont pas d’ordre d’emprisonner les enfants. Cette confusion, ce manque d’organisation à faciliter le sauvetage de ces deux petites filles. Ne disposant pas de structure nécessaire pour s’en occuper, la Croix-Rouge demande alors à Olga Saint- Blancat si l’Armée du salut pourrait prendre les fillettes en charge. Olga, ne faisant confiance à personne, décide de prendre elle-même en charge les petites.
La directrice de la Croix-Rouge qui est en charge de ravitailler les prisonniers provisoirement enfermés à la caserne Friedrich de Belfort, persuade la sentinelle allemande, moyennant finances, de permettre aux fillettes, accompagnées par Olga, de dire au revoir à leurs parents. Elle rapporte plus tard combien la séparation a été douloureuse, et qu’elle avait pris l’engagement de veiller sur les enfants jusqu’au retour des parents.
Le policier français de garde au poste-frontière prend soin de détruire le dossier Mohrer, de sorte que, pour les autorités, retrouver les enfants devienne quasiment impossible. Olga engage une jeune fille au pair pour pouvoir continuer ses activités à l’Armée du salut. Lorsque la situation des Juifs s’aggrave encore et que toute personne leur venant en aide se voit menacée de lourdes peines, Olga décide de mettre les enfants en sécurité en les envoyant avec leur nurse chez sa mère veuve, qui habite avec son frère à Badevel, un petit village non loin de Belfort. Ils achètent une vache pour que les petites aient assez de lait. La fille au pair taille des pantoufles dans de vieux manteaux et les vend pour gagner un peu d’argent et permettre de couvrir quelques dépenses.
Olga St. Blancat vient voir sa mère tous les lundis, et apporte ce qu’elle peut. Les gens du village, qui savent que les fillettes sont juives, gardent le silence et protègent la famille, malgré la proximité des Allemands.
Après la guerre, Olga dira : « Tout le monde au village connaissait la situation des enfants. Je ne pouvais pas mentir. Je comptais sur le secours divin. Les enfants étaient tellement délicieuses ! Elles gagnaient le cœur de tous. Marianne, dès le deuxième jour m’avait appelée « Maman », la jeune fille était « tatie ». Maman était Maman-Grand, son frère, « Oncle Fritz ». Ce fut terrible pour nous de nous en séparer.».
Elle s’est également occupée de deux des filles de la famille Granat, Fernande et Simone, dont les parents et les frères avaient été arrêtés et déportés. Elles sont d’abord cachées à Besançon au Lycée puis à Palente, en internat dans un foyer protestant toujours à Besançon. Olga les invite régulièrement à venir passer leurs vacances à Badavel.
A la Libération, Marianne et Gisèle Mohrer vont vivre chez leur grand-mère maternelle en Angleterre et Fernande et Simone Granat sont recueillies par des parents en Suisse.
Le 24 mars 1988, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Olga St. Blancat-Baumgartner le titre de Juste parmi les Nations.