Dossier n°4160 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Louise Roger Coulon

Année de nomination : 2008
Date de naissance : 22/07/1877
Date de décès : 24/06/1947
Profession : Agricultrice

Jeanne Roger

Année de nomination : 1989
Date de naissance : 12/09/1908
Date de décès : 23/12/2001
Profession : Bouchère

Jules Roger

Année de nomination : 1989
Date de naissance : 14/05/1907
Date de décès : 11/03/1980
Profession : Boucher
    Localisation Ville : Buzançais (36500)
    Département : Indre
    Région : Centre-Val de Loire

    L'histoire

    Herbert Odenheimer né en 1934 est originaire d’une petite ville d’Allemagne. Il est déporté au camp de Gurs le 22 octobre 1940 avec les habitants juifs des Länder de Bade, du Palatinat et de la Sarre. Sa grand-mère et ses parents sont assassinés à Auschwitz en septembre 1942.

    Le jeune Herbert se retrouve donc orphelin. L’OSE réussit à le sortir lui et d’autres enfants du camp. L’OSE place ensuite ces enfants dès 1941 dans des maisons d’enfants, dans diverses institutions ainsi que chez des familles chrétiennes au centre de la France.

    Vers la fin de 1942, Herbert, qui a passé plusieurs mois dans ces homes de l’OSE de Chabannes et de Montintin, est confié à Jules et Jeanne Roger qui habitent à Buzançais (Indre). Herbert devient pour des raison sécuritaire Hubert Odet soi-disant né en Alsace. Un autre enfant juif est aussi caché chez eux, Léopold Lazare. Jules est boucher et son épouse Jeanne fait du repassage pour arrondir les fins de mois. Ils ont un petit garçon qui a dix ans au début de la guerre. Jules est l’un des chefs régionaux de la Résistance. Sa femme et lui hébergent des maquisards blessés ou en fuite ainsi que des adultes et des enfants juifs.  Le couple cache aussi des armes dans leur cour et des documents compromettants.

    Un an plus tard, en été 1943, Jules Roger apprend que des mouchards s’apprêtent à le dénoncer. Il envoie aussitôt l’enfant chez sa mère, Louise, à Argy, à quelques kilomètres de Buzançais. Herbert va rester chez celle qu’il appelle « Grand-mère’ jusqu’en août 1944.

    Louise Roger, veuve est une personne stricte mais juste. Herbert l’aide dans son travail journalier et s’habitue à cette vie rurale, frugale et rude. Louise l’inscrit dans une école religieuse. Pour dissimuler ses origines, il devient enfant de chœur. Seul le curé du village est dans la confidence.Les Roger lui expliquent cependant qu’il ne doit pas renier ses origines mais en être fier.

    A la libération, il ne retrouve aucun des membres de sa famille proche, ils ont tous péri dans les camps. Herbert reste donc chez les Roger jusqu’en janvier 1946. Puis il est adopté par des parents lointains et part s’installer en Suisse.

    Le petit Léopold Lazare, né en 1939 en Belgique, fut lui aussi placé chez les Roger lorsque sa famille a été déportée à Buchenwald. Interné au camp de Rivesaltes, il a pu en sortir grâce à l’OSE. Il vit chez les Roger jusqu’à la fin de l’Occupation. Il s’est tellement attaché à ses parents d’adoption qu’il a eu beaucoup de mal à les quitter lorsque ses propres parents, qui avaient survécu, viennent le rechercher après la guerre.

    Pendant toute la période de l’Occupation, les Roger se sont occupés avec un immense dévouement des enfants qui leur avaient été confiés, faisant de leur mieux pour les consoler de la séparation d’avec leurs parents et de ne pas en avoir de nouvelles. Ne pouvant obtenir de cartes d’alimentation pour leurs protégés, Jules et Jeanne ont partagé leurs rations.

    Le danger était donc considérable. Après la guerre, Herbert « Ehud » Loeb et Léopold Lazare sont restés en relations avec leurs sauveteurs, et leur ont rendu visite même après avoir émigré en Israël.

    Le 7 mai 1989, Yad Vashem – Institut International pour la mémoire de la Shoah,  a décerné à Jules et Jeanne Roger ainsi qu’à Louise Roger le titre de Juste parmi les Nations.

    Louise ROGER

    Le témoignage

    Louise Roger était une femme simple, modeste, droite, rude et autoritaire. Louise Roger avait trois fils, Gustave, René et Jules.
    Cette paysanne, veuve, tenait une ferme avec un poulailler, une jument, une vache et quelques chèvres, tout comme elle s’occupait du potager et de la vigne non loin de la ferme. Elle menait une vie austère, frugale. La ferme ne possédait ni l’électricité ni l’eau courante.

    Le jeune Herbert Odenheimer, né en 1934 à Buehl (Allemagne), avait été extrait du camp de Gurs en février 1941 par l’OSE (Œuvre de Secours aux Enfants), organisation de sauvetage des enfants Juifs. Les parents d’Herbert, Hugo, 42 ans, son épouse Julchen née Schweizer et sa grand-mère seront transférés du camp de Gurs, au camp de Rivesaltes puis vers Drancy avant d’être déportés sans retour à Auschwitz en septembre 1942 par des convois séparés. Herbert est alors placé dans diverses institutions au centre de la France dont Chabannes et Montintin.

    En septembre 1942, il est placé dans une famille chrétienne où il sera mal traité. L’assistante sociale qui vint le visiter en novembre 1942 décidât immédiatement de le confier à Jules et Jeanne Roger à Buzançais.

    Un an plus tard, Jules Roger, qui était résistant, abritait des maquisards blessés et cachaient des armes dans sa maison, craignant une dénonciation, envoya l’enfant chez sa mère, Louise Roger à Argy, un village tout proche où il fut en sécurité.
    Herbert était munis de faux papiers au nom de « Hubert Odet ». Seuls le curé du village et Louise Roger connaissent la véritable identité du petit juif pourchassé.

    Louise Roger, femme sévère au cœur généreux, accueille Herbert Odenheimer et l’affection se tisse entre eux deux, sans les mots et sans les caresses. Herbert l’appelle « grand-mère ».
    Le petit « Hubert Odet » apprend le français avec un accent berrichon, fréquente l’école du village, où il est bon élève, garde la vache et les chèvres, va au catéchisme et est enfant de chœur.

    Herbert sera à l’abri, protégé, malgré les Allemands et les miliciens aux alentours. Il y restera jusqu’à la Libération en août 1944 avant de revenir chez Jules et Jeanne.

    A la fin de la guerre, La famille d’Herbert Odenheimer ne revient pas. Herbert, 12 ans, quitte la France en 1946. Il restera en contact avec « tante Jeanne » et « oncle Jules » jusqu’à leur mort.  Il ne pu revoir sa grand-mère, décédée le 24 juin 1947.  Les liens « familiaux » se poursuivent avec les enfants de Jeanne et Jules : leur fils Roger et leur fille Marie-Thérèse. Argy reste pour Herbert Odenheimer, aujourd’hui Ehud Loeb, « les lieux gravés dans ma mémoire et dans mon cœur, Là où la grand-mère m’avait caché et sauvé la vie. »

    plus d’information

    Ehud Loeb à la Libération

    Ehud Loeb à la Libération

    Documents annexes

    Document Roger JulesDocument Roger Jules
    Le dernier message de Ehud Loeb à sa mère via la Croix RougeLe dernier message de Ehud Loeb à sa mère via la Croix Rouge
    1945 rapport de l'OSE sur Ehud Loeb1945 rapport de l’OSE sur Ehud Loeb

    Articles annexes




    Mis à jour il y a 8 mois.