Dossier n°4660 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Emma Chantelauze Chagot

Année de nomination : 1990
Date de naissance : 02/01/1896
Date de décès : 03/02/1978
Profession : Ouvrière Michelin

Joseph Chantelauze

Année de nomination : 1990
Date de naissance : 22/12/1895
Date de décès : 07/07/1965
Profession : Ouvrier Michelin
    Localisation Ville : Clermont-Ferrand (63000)
    Département : Puy-de-Dôme
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Joseph et Emma Chantelauze vivaient à Clermont-Ferrand dans le Puy-de-Dôme, en zone sud. Leur fille Georgette s’était liée d’amitié avec une camarade de classe, Rose Banner. Les Banner étaient des Juifs d’Alsace venus se réfugier à Clermont. Toutefois les Chantelauze l’ignoraient et pensaient qu’il s’agissait de réfugiés « ordinaires » ayant fui l’occupation allemande. Ils leur donnaient des légumes de leur jardin pour les aider, connaissant leur situation difficile. En juin 1943, des miliciens français se présentèrent au domicile des Banner; ils recherchaient le beau-frère de Rose, qui avait réussi à passer en Suisse. Affolés, les réfugiés se tournèrent vers leurs amis Chantelauze, leur révélant qu’ils étaient Juifs et demandant leur aide. Joseph et Emma mirent à leur disposition une vieille maison qu’ils avaient à Auzances, un village isolé de la Creuse, loin de la grande route. Monsieur et Madame Banner y vécurent de juin 1943 à la Libération. Rose, qui travaillait dans une usine de confiture, vint habiter chez les Chantelauze qui la traitaient comme leur propre fille. Un jour, l’un des miliciens qui étaient venus rechercher son beau-frère arriva chez les Chantelauze et demanda à Rose pourquoi elle restait à travailler si tard le soir. Elle répondit qu’elle dactylographiait des travaux pour des étudiants. En fait, il s’agissait de documents pour l’avocat de Léon Blum, le dirigeant socialiste. A la suite de cet incident Rose partit vivre chez ses parents à Auzances. Cette retraite mise à la disposition de la famille par les Chantelauze la sauva de la déportation. Lorsque l’appartement des Banner à Clermont-Ferrand fut cambriolé, les miliciens revinrent chez les Chantelauze en compagnie de soldats allemands et demandèrent où étaient les Banner. Emma répondit qu’elle avait renvoyé Rose dès qu’elle avait appris que la jeune fille était juive et qu’elle n’avait aucune idée de l’endroit où elle se trouvait. Les Chantelauze sauvèrent ainsi toute une famille juive, sans chercher la moindre rétribution et en courant de grands risques. Les deux familles restèrent très liées après la guerre.

    Le 31 mai 1990, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Joseph et Emma Chantelauze le titre de Juste parmi les Nations.

     

    Les enfants Chantelauze

    Mr Chantelauze et sa fille

    Rose Banner et son mari après la guerre