Dossier n°473 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Magdeleine Charretier May

Année de nomination : 1968
Date de naissance : 16/03/1911
Date de décès : //
Profession : agent de liaison pour ORT, AJDC
    Localisation Ville : Paris (75000)
    Département : Paris
    Région : Ile-de-France

    Lieu de mémoire

    L'histoire

     

    C’est aux premières heures de l’Occupation, en juin 1940, que Magdeleine Charretier commença à faire de la Résistance – contre le régime de Vichy et contre l’occupant allemand. Elle continua à se battre jusqu’à la libération de Toulouse, le 19 août 1944. Dans un premier temps, c’est à Paris qu’elle déploya ses activités, intervenant surtout pour aider des amis ou des connaissances qui étaient juifs. Elle mettait à leur disposition ses propres papiers et son appartement, leur trouvait de faux papiers et se débrouillait pour les faire passer en zone sud. En juin 1942, elle quitta son emploi parisien et partit vivre à Marseille, devenant agent de liaison entre diverses organisations juives telles que l’ORT et l’AJDC. Parfois, elle entreprenait des missions apparemment impossibles. Ce fut le cas de ses efforts pour faire sortir Lydia Kacenelenbogen, une juive de Pologne, du camp du Vernet où elle avait été internée. En juillet 1940, Lydia s’était réfugiée à Saint Lary, le village natal de Magdeleine Charretier, en Ariège dans les Pyrénées. Des gendarmes français l’y arrêtèrent un mois plus tard et l’incarcérèrent au Vernet. Le gouvernement français commençait déjà à évacuer ce camp dont les détenus étaient transférés à Drancy, près de Paris, avant d’être déportés vers l’est. Magdeleine Charretier agit immédiatement. Elle se rendit à Toulouse et, à force d’audace et de persuasion, parvint à rencontrer le préfet, qu’elle réussit à convaincre de contacter le camp pour demander la mise en liberté de Lydia. Elle partit aussitôt au Vernet la chercher, puis la conduisit en lieu sûr dans la région de Grenoble, où elle passa le reste de l’Occupation sans incident. Magdeleine Charretier fournit également une fausse carte d’identité et une cachette à la fille de Lydia. Lorsque les Allemands occupèrent le sud de la France en novembre 1942, Magdeleine Charretier prit part à de nombreuses opérations de sauvetage, en coopérant avec diverses organisations juives, dont l’OSE, pour faire passer des Juifs en Suisse. Elle escorta plusieurs groupes d’enfants de l’OSE vers la frontière, et leur fournit de l’argent et de fausses cartes d’identité provenant d’un réseau des groupements juifs clandestins. En mars 1943 elle contacta le rabbin Zalman Schneerson, qui avait fondé une yeshiva (école talmudique) orthodoxe, comportant quelque trente élèves qui ne parlaient pas le français et ne connaissaient rien des coutumes françaises. Au début de cette année-là, le rabbin avait déménagé avec ses élèves pour s’installer à Voiron, dans le département de l’Isère alors sous contrôle italien. Les Italiens se retirèrent en septembre 1943 et Magdeleine Charretier se chargea d’escorter les étudiants jusqu’à Nice. Toutefois les troupes allemandes entrèrent dans cette ville le jour même où le groupe devait arriver, et il fallut le disperser et trouver une cachette pour chacun des étudiants, puis leur fournir nourriture, papiers d’identité et argent. Elle prit part à l’opération improvisée pour évacuer et ramener tout le monde en Isère. Pendant tout le temps où elle accompagnait les jeunes de la yeshiva sur les routes et pendant leur séjour à Nice, Magdeleine Charretier ne leur demanda jamais de renoncer à leurs coutumes ou de changer leur tenue si particulière. En janvier 1944, elle fut arrêtée par la police. Elle réussit à s’échapper et à atteindre Toulouse, où elle poursuivit son activité et resta en contact avec les organisations clandestines juives.

    Le 15 août 1968, Yad Vashem a décerné à Magdeleine Charretier-May le titre de Juste des Nations.

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    Articles annexes

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