Dossier n°5319 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Gérard Bouquey

Année de nomination : 1992
Date de naissance : 06/02/1910
Date de décès : 06/10/1978
Profession : Ouvrier agricole

Louise Henriette Bouquey Reix

Année de nomination : 1992
Date de naissance : 30/04/1910
Date de décès : 04/05/1997
Profession : mère au foyer
    Localisation Ville : Barenton (50720)
    Département : Manche
    Région : Normandie

    L'histoire

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Abraham et Perla Waver, des Juifs de Varsovie, avaient quitté la Pologne pour émigrer à Paris avant la guerre. Le 20 août 1941, Abraham fut arrêté chez lui et interné à Drancy, puis déporté à Auschwitz où il périt le 7 mai 1942. Sa femme était restée à Paris avec leurs trois enfants : Jacques, six ans, Louis, quatre ans et Hélène qui avait tout juste deux mois. Au début de l’année 1943, sur les conseils d’une voisine, Perla confia les deux garçons à des religieuses de Belleville qui se consacraient à la sauvegarde d’enfants juifs. Elles envoyèrent les deux petits chez une certaine Madame Pasquet, qui habitait Barenton, dans la Manche. Ils y passèrent plusieurs mois. Madame Pasquet s’en occupait à merveille et n’eut de cesse qu’elle ait convaincu Perla de venir elle aussi avec le bébé. Lorsque Perla arriva à Barenton, Madame Pasquet lui trouva un logis temporaire dans une ferme abandonnée, à deux kilomètres environ du village. Lorsque l’hiver arriva, la jeune femme loua pour une somme modique une pièce dans la maison de Gérard et Louise Bouquey, qui habitaient dans le centre du village avec leurs cinq enfants. Au début, les Bouquey ignoraient que leurs locataires étaient Juifs; ils étaient convaincus qu’il s’agissait de Parisiens fuyant les horreurs de la guerre. La presse et la radio étaient remplies d’avertissements sévères émis par les Allemands et précisant les peines prévues pour toute personne cachant des Juifs. Gérard Bouquey conseilla un jour à Perla Waver d’aller se faire inscrire comme réfugiée à la mairie. Cela aurait mis toute la petite famille en danger, et, affolée, Perla à genoux révéla en sanglotant qu’elle était juive et supplia l’homme d’avoir pitié des trois petits. Gérard Bouquey, qui n’avait jamais vu un Juif de sa vie, fut atterré; il se hâta de prendre conseil auprès de la gendarmerie locale. Heureusement, les gendarmes du village se montrèrent humains et le calmèrent. Lui promettant de garder le secret, ils l’assurèrent qu’ils l’aideraient à protéger les réfugiés des Allemands. Rasséréné, M. Bouquey accepta de continuer à loger les Waver, malgré le danger pour sa propre famille. Perla et les siens restèrent donc à Barenton, se faisant passer pour des Français comme les autres : les enfants fréquentaient une école catholique au village, se rendaient à la messe et aux autres manifestations religieuses et jouaient avec les petits Bouquey. Pendant toute cette période Gérard et Louise assuraient aux réfugiés nourriture et soutien moral. Ils n’étaient pas seuls à Barenton à faire preuve de compassion. Les gendarmes et les membres du conseil municipal apportaient du bois de chauffage, et beaucoup d’habitants avertissaient Perla dès qu’ils voyaient arriver des militaires allemands. Ils savaient que les réfugiés étaient Juifs mais faisaient semblant de ne pas être au courant. On peut donc dire qu’ils s’associèrent aux Bouquey pour cacher les Waver et leur sauver la vie. Lors du Débarquement en Normandie, Barenton, qui se trouvait sur la route menant à la côte, fut bombardée par les Alliés. Les Bouquey décidèrent de quitter la ville pour se réfugier chez des parents; ils emmenèrent les Waver avec eux, leur sauvant la vie une nouvelle fois. Les Waver n’oublièrent jamais leur abnégation pendant ces années difficiles, et les familles restèrent longtemps en contact après la guerre.

    Le 3 juillet 1992, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné, à Gérard et Louise Bouquey, le titre de Juste parmi les Nations. 

     




    Mis à jour il y a 23 heures.