Dossier n°5380 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 1992

Marie (Gonzague) Bredoux

Année de nomination : 1992
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Mère supérieure de l’abbaye de Saint Etienne transformée en une maison de retraite
    Localisation Ville : Aubazine (19190)
    Département : Corrèze
    Région : Nouvelle-Aquitaine

    L'histoire

    L’abbaye Saint-Etienne, vénérable monastère du XIIéme siècle situé à Aubazine (Corrèze), avait été transformée en maison de retraite pour personnes âgées. La Mère supérieure de l’établissement, Marie-Gonzague Bredoux, aidée de son économe, Soeur Marie-Thérèse Berger (q.v), hébergea plusieurs femmes juives, notamment une mère et sa fille, une femme enceinte et enfin douze jeunes filles envoyées par Edmond Michelet (q.v). C’est le rabbin David Feuerwerker, très actif dans le sauvetage d’enfants juifs dans la région de Brive, qui orienta Kraindel Dornfest et sa fille Betty vers l’abbaye en septembre 1942. Toutes deux furent chaleureusement accueillies par la Mère supérieure et l’économe qui mirent une petite chambre à leur disposition. Vivre dans un couvent n’était pas facile pour Kraindel, née en Pologne et très pratiquante. Tandis que Betty, effectuait des travaux de couture – auxquels elle excellait -, sa mère aidait à la cuisine, sauf le Chabbat et les fêtes juives. Les deux religieuses traitaient les réfugiées avec beaucoup de gentillesse. Dans sa déposition après la guerre, Mme Dornfest évoque notamment un épisode significatif. Betty souffrait d’une rage de dents, et la mère supérieure décida de faire conduire la jeune fille, qui n’avait pourtant pas de papiers d’identité, chez un dentiste de Brive, la ville voisine, alors remplie d’Allemands. Une autre fois, mère Marie-Gonzague fit aux deux femmes la surprise de leur apporter des cierges, pour leur permettre d’allumer les bougies du Chabbat. Lorsque le monastère fut à court de cierges, elle leur donna de l’huile et du coton pour qu’elles puissent quand même observer le rite. Malgré les conditions très difficiles imposées par la clandestinité, les deux religieuses aidèrent les femmes à observer fidèlement la Pâque juive. Un cadre des Eclaireurs Israélites de France, qui savait que les Dornfest étaient cachées au couvent, remit à leur intention deux kilos de pain azyme à la Mère supérieure. Betty lui expliqua le rituel de la fête, et notamment la nécessité d’utiliser une vaisselle spéciale. A son grand étonnement, la mère supérieure mit à sa disposition une pièce vide, ainsi que de la vaisselle et des ustensiles de cuisine neufs et un sac de pommes de terre. Très intéressée par le judaïsme, la religieuse posait beaucoup de questions à Betty sans jamais chercher à la convertir, comme le démontre l’épisode de la Pâque. Dans son émouvant témoignage délivré après la guerre, Betty raconte comment Mère Marie-Gonzague les avait sauvées, elle et sa mère : »Un dimanche, quelques Allemands sont venus visiter le couvent. Ils se sont adressés à moi en allemand et de peur, j’ai seulement dit : un moment. Et j’ai couru à l’église. Quand la mère supérieure m’a aperçue à l’entrée, elle a fait signe au curé de continuer et elle est sortie avec moi. Apprenant de quoi il s’agissait, elle m’a dit d’aller à la grange pleine de foin où elle avait aussi envoyé ma mère. Nous y sommes restées plus d’une heure ». Une autre fois les Allemands, ayant entendu dire que des Juifs y étaient cachés, se présentèrent à la porte du couvent. Le prêtre déclara sous serment qu’il n’y avait aucun Juif, sauvant ainsi la vie aux deux femmes. La Corrèze fut libérée à la fin de l’été 1944, quelques jours avant le nouvel an juif, Roch Hachana. Kraindel Dornfest voulut assister au service religieux à la synagogue de Brive. Mère Marie-Gonzague lui expliqua comment y arriver et lui donna un peu d’argent, des pommes de terre – une denrée rare à l’époque – ainsi qu’une lettre de recommandation pour une famille française afin qu’elle ait où dormir pendant les deux jours de la fête. Kraindel et Betty restèrent au couvent jusqu’au printemps 1945.

    Le 5 août 1992, Yad Vashem a décerné à Mère Marie-Gonzague Bredoux le titre de Juste des Nations.

     

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