Dossier n°57 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Jean Fleury

Année de nomination : 1964
Date de naissance : 21/02/1905
Date de décès : 04/12/1982
Profession : Prêtre des nomades internés au camp de Poitiers, supérieur du collège Saint-Joseph de Poitiers
    Localisation Ville : Poitiers (86000)
    Département : Vienne
    Région : Centre-Val de Loire

    L'histoire

    Abbé Jean FLEURY

    Le père Jean Fleury, qui vivait à Poitiers, se consacra pendant l’Occupation au sauvetage de Juifs persécutés. Dans le cadre de ses fonctions sacerdotales, il se rendait tous les jours dans un camp de détention pour Tziganes adjacent au camp de la Route de Limoges, où étaient internés également des Juifs. Il y rencontrait son ami le jeune rabbin Elie Bloch, qui n’avait pas le droit de pénétrer dans le camp où se trouvaient ses coreligionnaires. Les deux hommes avaient de longues conversations. Le prêtre communiquait au rabbin des nouvelles du camp, lui transmettait des lettres écrites par les internés et l’aidait dans ses efforts pour protéger les Juifs malades ou les familles qui avaient des enfants mineurs. Le père Jean Fleury affichait ouvertement ses relations avec Élie Bloch. En février 1943, le rabbin fut arrêté et déporté à Auschwitz avec sa femme et sa fille, encore bébé. Désormais le prêtre assuma seul la liaison entre les Juifs du camp et le reste du monde. Il réussit à faire libérer des enfants et leur trouva des familles d’accueil. Grâce à ses liens étroits avec les réseaux clandestins français, il put faire passer les enfants en zone sud, après leur avoir fourni des faux papiers et des autorisations de voyage – plus d’une fois il leur donna également de l’argent et des vivres. Après la guerre, la famille Breidick, des Juifs réfugiés dans un petit village à une cinquantaine de kilomètres de Poitiers, racontèrent dans leur témoignage qu’un jour de septembre 1943, une jeune femme à bicyclette vint leur dire que le père Fleury leur conseillait de s’enfuir immédiatement. Elle les accompagna jusqu’à une école catholique située à proximité, et ils y passèrent la nuit. Ensuite, ils se cachèrent pendant quinze jours chez des paysans, puis furent conduits en camion dans un couvent de Poitiers où le religieux les attendait. Deux jours plus tard, le père Fleury leur remit de faux papiers et des autorisations de voyage pour se rendre à Lyon, où il leur avait trouvé un abri dans un monastère. C’est ainsi que les Breidick eurent la vie sauve. Le prêtre était mû par des considérations purement humanitaires. Dans leurs témoignages, de nombreux survivants évoquent avec gratitude les efforts déployés par Jean Fleury pour les sauver. Comme l’écrivit l’un d’entre eux : « Le père Fleury a aidé et sauvé dans la mesure de ses possibilités, chaque homme en peine, juif, nomade ou communiste, en mettant constamment sa vie en danger. Il l’a fait par amour du prochain. » Le rabbin Joseph Bloch, père du rabbin Elie Bloch, écrivait pour sa part : « Nous gardons une gratitude éternelle pour le père Fleury; dans notre conscience il a sa place au rang parmi les justes du genre humain. »

    Après la guerre le père Jean Fleury devint directeur du Comité des Œuvres Sociales de la Résistance, et dans ce cadre il continua à aider les survivants. Le gouvernement français le nomma chevalier de la Légion d’Honneur en hommage à ses activités.

    Le 24 mars 1964, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné au père Jean Fleury le titre de Juste parmi les Nations.

    Documents annexes

    Article de presse Article de presse
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    Mis à jour il y a 11 mois.