Les Justes
Emile Planckaert
Année de nomination : 1972Date de naissance : 23/01/1906
Date de décès : 23/01/2006
Profession : Prêtre, Aumônier militaire
Département :
Région :
Personnes sauvées
Cérémonies
L'histoire

Le 11 mars 1973, le père Planckaert se rend à Jérusalem pour planter son arbre dans l’Allée des Justes, à Yad Vashem —
un geste symbolique honorant ceux qui, au cœur de la barbarie, ont choisi de sauver des vies au nom de la conscience et de la foi.
En 1940, le père Émile Planckaert, jésuite et aumônier militaire, est fait prisonnier par les Allemands lors de la débâcle de l’armée française. Comme des milliers d’officiers et de soldats, il est envoyé dans un camp en Pologne occupée, territoire alors annexé au Reich. Il parvient à s’évader un an plus tard et regagne Paris, où il reprend ses activités religieuses. À partir de 1942, année où la persécution des Juifs s’intensifie en France avec les premières grandes rafles organisées par le régime de Vichy en collaboration avec l’occupant nazi, le père Émile se consacre aux prisonniers détenus à Paris pour leur opposition au régime. Il leur rend visite dans les prisons, leur apporte réconfort moral et soutien spirituel.
Découvrant que la caserne des Tournelles, située dans le 20e arrondissement, a été transformée en centre de détention pour des civils juifs arrêtés dans la capitale, il demande à la Préfecture de police l’autorisation de leur rendre visite. Les autorités refusent d’abord, mais finissent par céder devant son insistance et sa réputation d’homme de foi. Lorsqu’il découvre les conditions inhumaines dans lesquelles ces prisonniers sont enfermés — manque d’hygiène, de nourriture, promiscuité —, le père Planckaert est profondément bouleversé. Il alerte alors les autorités catholiques et exhorte ses supérieurs à agir.
C’est lors de l’une de ses visites aux Tournelles qu’il rencontre Odette Daltroff, une jeune femme juive arrêtée avec sa mère. Peu après, elles sont transférées au camp de Drancy, antichambre des déportations vers Auschwitz. Grâce à l’intervention du fiancé d’Odette, Louis Urbain Baticle, les deux femmes obtiennent leur libération , fait exceptionnel à cette époque.
De retour à Paris, elles découvrent que leur appartement a été pillé et reloué, et apprennent que la police aux questions juives, organe de Vichy chargé de la traque des Juifs, les recherche activement. En détresse, Odette sollicite à nouveau le père Planckaert. Celui-ci leur procure de faux papiers d’identité et parvient à les faire admettre au couvent des Sœurs de Saint-Régis, dissimulant leur véritable identité. Odette devient Mademoiselle Husson, et sa mère Madame Bertrand.
Madame Daltroff reste cachée au couvent jusqu’à la fin de l’Occupation. Odette, en revanche, trop jeune et trop visible parmi les religieuses âgées, doit partir pour ne pas mettre la communauté en danger. Le père Émile organise alors d’autres refuges successifs pour elle et veille à lui fournir des cartes d’alimentation délivrées par la mairie du 20ᵉ arrondissement, grâce à Madame Cécile Lieutenant, résistante et collaboratrice du prêtre.
Les Daltroff ne sont pas les seules à bénéficier de sa protection. Le père Planckaert fournit de nombreux faux papiers à des Juifs persécutés et s’élève, chaque dimanche, en chaire, contre les persécutions raciales. Ses sermons courageux, prononcés alors que la dénonciation et la censure sévissent, font de lui une voix rare et audacieuse dans l’Église de France sous l’Occupation.
En 1943, il joint ses efforts à ceux du père Théomir Devaux, de l’ordre de Notre-Dame de Sion, pour sauver de nombreux enfants juifs dont les parents ont été déportés. Ensemble, ils les placent dans des familles chrétiennes ou des institutions religieuses prêtes à les accueillir et à les cacher, au péril de leur vie.
Le 16 avril 1972, l’Institut international pour la mémoire de la Shoah, Yad Vashem, décerne au père Émile Joseph Marie Planckaert le titre de Juste parmi les Nations, en reconnaissance de son courage et de sa profonde humanité
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