Dossier n°8259 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

René Bastide

Année de nomination : 1998
Date de naissance : 06/02/1895
Date de décès : 10/01/1988
Profession : Inspecteur d’académie, instituteur, Journaliste

Germaine (Cazalet) Bastide

Année de nomination : 1998
Date de naissance : 13/09/1898
Date de décès : 25/08/1979
Profession : Infirmière dans un sanatorium
    Localisation Ville : Romans-sur-Isère (26100)
    Département : Drôme
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    René Bastide, inspecteur d’Académie, habitait à Romans sur Isère (Drôme) avec sa femme Germaine, qui était infirmière dans un sanatorium, et leur fille Lucile. Le spectacle de centaines de milliers de personnes jetées sur les routes de l’exode en juin 1940 les émut profondément. C’est pourquoi lorsque André et Marcelle Picard, des Juifs de Dôle (Jura) qui s’étaient enfuis avec leur fils Daniel, leur demandèrent un toit, les Bastide mirent à leur disposition la maison qu’ils avaient achetée pour s’y installer plus tard, ne demandant qu’un loyer symbolique. Bientôt des liens d’amitié se nouèrent entre les deux familles. En novembre 1942, les Allemands ocupèrent le sud de la France, tandis que Romans passait sous occupation italienne. Une quinzaine de membres de la famille Picard vinrent se réfugier dans la ville, et notamment les Lévy, les Kauffmann et les Weil, trois jeunes couples avec des enfants. Les Bastide les prirent sous leur protection. Cette tâche devint plus difficile en septembre 1943 lorsque les Allemands occupèrent l’ex-zone italienne. La situation des Juifs devint dramatique. Conscient du danger, René Bastide aménagea une retraite pour les réfugiés adultes dans une ferme isolée un peu éloignée de la ville; par ailleurs il fit usage des pouvoirs que lui a décernéient ses fonctions pour inscrire tous les enfants juifs, sous de fausses identités, dans les écoles de la ville. En 1944, il y eut, sur le plateau voisin du Vercors, de violents combats entre les maquisards et les Allemands, qui lancèrent un raid sur Romans et arrêtèrent de nombreux Juifs ainsi que des sympathisants de la Résistance. Prévenu à temps, René Bastide avertit les Juifs cachés dans la ferme ainsi que les trois Picard, qu’il hébergea chez lui. Tous les Juifs que les Bastide avaient pris en charge ont survécu à l’Occupation, à l’exception de René Picard qui avait rallié une unité de partisans et qui tomba au champ d’honneur. Après la guerre, les relations d’amitié entre les Bastide et tous ceux qu’ils avaient sauvés ainsi que leurs enfants se poursuivirent de longues années durant.

    Le 11 novembre 1998, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, à René et Germaine Bastide, le titre de Juste parmi les Nations. 

    Le témoignage

    Denise Lévy-Picard, née en 1909, habitait Paris et possédait avec son mari un magasin de vêtements. Un gérant aryen est nommé. Ils partent en zone libre, dans la maison d’une amie en Haute Garonne. Ils sont providentiellement avertis de devoir  » disparaître  » dans les 24 heures. Ayant changé d’identité, ils peuvent rejoindre le frère de Denise, à Romans. Là ils sont accueillis chaleureusement par la famille Bastide, qui déménage pour leur laisser leur appartement.
    En 43 le danger se précise. Grâce aux relations de Germaine Bastide, qui travaille au Dispensaire de Romans, toute la famille peut se cacher dans deux fermes des environs. René Bastide, instituteur, quant à lui, inscrit les enfants sous de faux noms dans divers établissement publics. En outre, il s’occupe des affaires financières de M. Picard, lui permettant ainsi de disposer d’un peu de revenus. Les Bastide ont également sauvé d’autres familles juives.

     Documents annexes

    Article de presse – Le Magazine du Judaïsme de la culture Juive_août 1999
    Article de presse de 1999



    Mis à jour il y a 3 mois.