Dossier n°9733 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2002

Jeanne Commeignes

Année de nomination : 2002
Date de naissance : 07/07/1894
Date de décès : 24/01/1985
Profession : Professeur d’histoire
    Localisation Ville : Nice (6000)
    Département : Alpes-Maritimes
    Région : Provence-Alpes-Côte d’Azur

    L'histoire

    COMMEIGNES Jeannette
    Jeannette Commeignes, célibataire de 49 ans, professeur d’histoire, habitait avec sa mère Rose à Nice. Sa sœur, Louise, dite Zette, épouse Andreani, professeur de français et d’histoire au lycée de Grasse, s’était particulièrement liée à la famille Misrachi qui était juive et à leur fille Ariane Misrachi à qui elle avait donné des cours particuliers. C’est ainsi que Jeannette Commeignes rencontrera les grands’parents d’Ariane, Arthur et Nelly Kann. 
    Quand les Allemands envahirent Nice, Jacqueline, son mari, Jacques Misrachi et leur fille Ariane, née le 6 janvier 1931, juifs de nationalité française, partirent pour la Corse et gagnèrent Alger. 
    Arthur et Nelly Khan restèrent à Nice, et avaient décidé, par sécurité, de ne pas habiter ensemble.

    Nice était, au début de l’occupation, en zone dite libre. Aussi, nombre de Juifs de toute la zone occupée étaient venus s ‘y réfugier. La communauté juive comptait alors environ 8 000 personnes. De 1940 à 1944, la population juive vivant ou réfugiée dans les Alpes-Maritime est estimée à 25 000 personnes, dispersée dans toute la région.

    La première rafle à Nice a lieu le 26 août 1942.

     

    A partir de septembre 1942, à la suite du débarquement des alliés en Afrique du Nord, les forces italiennes occupent la la zone. Les Juifs bénéficient alors d’une relative sécurité qui va leur permettre se prendre des dispositions pour leur sécurité. Mais, le 9 septembre 1943 les Allemands arrivent à Nice et la situation devient dramatique pour les Juifs. Les Juifs de nationalité française, relativement épargnés jusque là en zone sud, ne sont plus à l’abri.
    La panique règne parmi les Juifs de la région.

    Alois Brunner, S.S, Obersturmbannführer, chef du commando anti-juif, fait son entrée à Nice le 10 septembre 1943. Il y restera jusqu’au 14 décembre 1943, avant de prendre la direction du camp de Drancy. A Nice, son quartier général est situé à l’Hôtel Excelsior, près de la gare. Il organise immédiatement avec son équipe le ratissage systématique de tous les Juifs de la Côte d’Azur et fait régner la terreur. Du 9 septembre au 14 décembre 1943, 2 152 Juifs sont arrêtés avec brutalité et envoyés au camp de Drancy.

    Un matin, Nelly Khan se rend à l’hôtel où demeure son mari et apprend qu’il a été arrêté pendant la nuit (septembre 1943). Il sera déporté sans retour vers Auschwitz. 
    Nelly Khan avait rendez-vous le jour même avec son amie Louise Andréani
    Apprenant l’arrestation d’Arthur Khan, Louise Andréani emmène immédiatement Nelly Khan chez sa mère, Rose Commeignes, et sa sœur, Jeannette Commeignes*. 
    Nelly Khan y sera accueillie et cachée jusqu’à la libération. 
    Personne dans l’immeuble ne saura que les deux femmes cachaient quelqu’un chez elles.

    Rose Commeignes décède en octobre 1943. Aussi, c’est sa fille Jeannette Commeignes qui a assumé, avec le soutien de sa sœur Louise, le sauvetage de Nelly Khan

    Peu de temps après la Libération, Ariane, rentrée d’Alger, fut accueillie à son tour par Jeannette Commeignes. Nelly et Ariane ont vécu chez elle jusqu’à la fin de l’année scolaire 1944-45, le temps que les Misrachi remettent leurs affaires en état à Paris. 

    La famille Kahn-Misrachi a gardé reconnaissance et affection à Jeannette Commeignes et à sa famille. Leur amitié a continué après la guerre. Jeannette Commeignes est décédée en 1985. 

    Le 30 mai 2002, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Jeannette Commeignes le titre de Juste parmi les Nations.

    Le témoignage

    Henriette Misrachi, née le 6 janvier 1931, et ses parents Jacques et Jacqueline Misrachi, née Khan, juifs de nationalité française, étaient en 1943 réfugiés en Corse, sous occupation italienne depuis 1942.

    Ses grands-parents maternels, Arthur et Nelly Khan étaient à Nice, également sous occupation italienne, très vite remplacée par l’invasion allemande. Ils avaient décidé, par sécurité, de ne pas habiter ensemble. Un matin, Madame Khan se rend à l’hôtel où demeure son mari et apprend qu’il a été arrêté pendant la nuit (septembre 1943).
    Monsieur Khan est mort à Auschwitz.

    Madame Khan avait rendez-vous le jour même avec Madame Louise Andréani, professeur de lettres et d’histoire au lycée de Grasse, avec laquelle la famille s’était liée d’amitié

    Apprenant l’arrestation de Monsieur Khan, Louise Andréani emmène immédiatement Madame Khan, grand-mère d’Henriette, dans sa famille, chez sa mère et sa soeur, Rose et Jeannette Commeignes. Madame Khan est accueillie, cachée jusqu’à la libération et sauvée. Personne dans l’immeuble n’a su que ces deux femmes, cachaient quelqu’un chez elles. Madame Rose décède en octobre 1943. Aussi, c’est sa fille Jeannette qui a assumé, avec le soutien de sa soeur Louise, le sauvetage de Madame Khan.

    La famille Mischrachi a gardé reconnaissance et affection à Jeannette Commeignes et à sa famille. Leur amitié a continué après la guerre.

    Jeannette Commeignes est décédée en 1985, c’est son petit-fils, Roland Andréani, qui recevra en son nom, la médaille des Justes.

     

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