« Le réseau Marcel, un message d’espérance »
Du 26/03/2015
Fred Coleman, auteur du livre "Le réseau Marcel". JPGuilloteau/L'Express
Comment est né ce livre?
Quand j’étais correspondant à Moscou pour Newsweek, entre 1976 et 1979, j’étais très proche du dissident Andreï Sakharov. J’ai toujours été fasciné par le destin de ces hommes qui se dressent contre les régimes totalitaires. Aussi, lorsque j’ai rencontré Julien Engel, un ancien enfant caché, et qu’il m’a raconté l’histoire, totalement méconnue, du couple Abadi, je m’y suis tout de suite intéressé. Comment deux êtres sans argent, sans réseau ni influence, ont pu, seuls, s’élever ainsi contre la barbarie dépasse l’entendement. Odette et Moussa étaient malheureusement déjà morts, mais j’ai retrouvé de nombreux témoins de l’époque.
Ce récit, dites-vous, brise plusieurs mythes.
Il est faux, comme on l’entend souvent dire, que l’Eglise de France n’a rien fait pour aider les juifs. L’engagement de l’évêque de Nice, Mgr Rémond, de ces soeurs et de ces prêtres, montre le contraire.
Le deuxième mythe prétend que les juifs français n’auraient rien fait pour se sauver eux-mêmes. Or l’exemple du réseau Marcel rappelle qu’une résistance juive a existé, et qu’elle a permis de sauver des milliers de personnes.
Enfin, c’est un mensonge d’affirmer que les Français, forts d’une longue tradition d’antisémitisme, ont collaboré en bloc avec les Allemands pour persécuter les juifs. Certes, 73 000 d’entre eux furent tués au cours de la Shoah, mais les trois quarts ont survécu car des chrétiens leur sont venus en aide. Dans les autres pays d’Europe, les nazis ont exterminé les deux tiers des juifs.
Ce réseau clandestin est un bel exemple d’oecuménisme…
14 Français, qui y ont joué un rôle héroïque, ont été nommés « Justes parmi les nations » par la commission Yad Vashem, en Israël. Parmi eux, des catholiques et des protestants, mais aussi des familles anonymes, qui, dans le sud de la France, ont risqué leur vie. Un beau message d’espérance.