Roger Darcissac était directeur de collège au Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire. En mars 1942, Serge Sobelman, qui avait alors treize ans, vint le voir pour demander son admission dans l’établissement. Craignant de dévoiler qu’il était juif, le jeune garçon se présenta sous un faux nom, ne lui montra ni ses papiers d’identité ni son dossier scolaire. Comprenant que Serge était juif, le directeur l’accepta aussitôt sans autre formalité. Ce n’était d’ailleurs pas le seul Juif de l’école. Roger Darcissac, qui s’intéressait d’habitude à la famille de ses élèves chrétiens, ne posait jamais de questions aux enfants juifs, ne voulant pas les mettre dans l’embarras ou les inquiéter. Comme tous les habitants du Chambon, le directeur faisait semblant de ne pas savoir qu’il y avait des Juifs dans la ville. Il était ainsi plus facile de les cacher. Roger Darcissac démontra son attachement à ses élèves juifs lorsqu’il fut arrêté, avec les pasteurs André Trocmé (q.v.) et Edouard Theis (q.v.), qui comme lui oeuvraient au sauvetage de Juifs. Le directeur subit courageusement l’interrogatoire de la police française et ne révéla pas la présence d’enfants juifs dans son établissement. Libéré, il put reprendre ses fonctions et continua, au mépris du danger, à protéger ses élèves juifs jusqu’à la Libération. Serge Sobelman obtint son B.E.P.C en juillet 1944 et Darcissac lui remit le document, établi à son faux nom. En acceptant et en protégeant des enfants juifs, le directeur avait risqué sa vie, comme il ressort du cas tragique de Daniel Trocmé (q.v) directeur de « La Maison des Roches » au Chambon. Lorsque les Allemands y découvrirent plusieurs enfants juifs, ils les déportèrent avec leur directeur vers les camps d’extermination, d’où aucun d’entre eux ne devait revenir.

Le 14 novembre 1988, Yad Vashem a décerné à Roger Darcissac le titre de Juste des Nations.

Roger DARCISSAC au milieu, avec à sa gauche André TROCME et à sa droite Edouard THEIS

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