Lucien Berdase, officier supérieur dans l’armée française, était responsable du bureau militaire de la municipalité de Limoges, en zone non occupée. Vers cette ville se dirigeaient des milliers de Juifs fuyant l’Alsace-Lorraine annexée par les Allemands. Pendant toute la période de l’Occupation, Berdase s’employa à contrer la législation anti-juive de Vichy. Ayant accès aux documents officiels, il pouvait saboter les données du recensement des Juifs. En modifiant état de santé, état civil ou situation familiale, il sauva de nombreux Juifs de la déportation. Henriette Dorat, qui travaillait dans le bureau de Berdase où elle était chargée de délivrer des attestations et des cartes d’alimentation, déclara dans la déposition qu’elle fit après la guerre que son patron lui avait donné pour instruction de lui remettre tout dossier douteux concernant des hommes juifs. Lucien Berdase, sans s’inquiéter des risques énormes qu’il prenait, dérobait des papiers, des autorisations de transit, des cartes d’alimentation, puis y apposait sa signature et les donnait à des Juifs. Il facilita des mariages entre hommes juifs et femmes françaises, pour permettre aux premiers d’obtenir la nationalité française. Chaque fois qu’il le pouvait, il prévenait les Juifs quand une rafle était imminente. A partir de décembre 1942, Lucien Berdasefut chargé, en vertu de ses fonctions, de collecter les armes détenues par des particuliers. Il les transmit ensuite aux mouvements clandestins de résistance. Il trouva aussi des « planques » à plusieurs artistes juifs recherchés par la Gestapo. Il savait que nombre de français courageux qui travaillaient avec lui avaient été exécutés pour avoir aidé des Juifs, mais ne renonça pas à son action de sauvetage. Ainsi, par exemple, il sauva la vie de Norbert Lehr et de ses parents. Norbert Lehr était né en 1940 d’un père juif polonais et d’une mère chrétienne française. Or, à partir de 1942 les autorités décidèrent d’arrêter également les enfants de foyers mixtes. Berdase procura de faux papiers aux Lehr et les aida à se constituer une généalogie de pure invention, afin que les faux aient l’air plus authentiques. De même, il aida les Gorodecki et leur fille ainsi que beaucoup d’autres Juifs dont la trace a été perdue.
Le 6 juillet 1992, Yad Vashem a décerné à Lucien Berdase le titre de Juste des Nations.
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