Yvette Cross Babiole
C’est en 1930 que Berthe Cheven fit la connaissance d’Yvette Babiole (qui devint plus tard madame Cross). Toutes deux travaillaient aux Etablissements Zuber à Paris. Devenues très amies, elles continuèrent à se voir lorsque, mariées l’une et l’autre, elles cessèrent de travailler. Lors des grandes rafles de juillet 1942, Berthe était à la maison avec sa plus jeune soeur, Madeleine. Son mari, Lazare Hammer, un Juif de Pologne, était interné depuis 1941 au camp de Beaune-la-Rolande. Les deux enfants du couple, Georges, huit ans et Annie, trois ans, avaient été cachés à la campagne. Au cours d’une rafle, des policiers arrêtèrent tous les locataires juifs de l’immeuble de Berthe. Affolée et désemparée, la jeune femme téléphona à son amie Yvette. Cette dernière envoya immédiatement une voiture chercher les deux soeurs. Berthe et Madeleine passèrent une dizaine de jours chez Yvette. Pendant cette période, Berthe réussit à soudoyer un garde du camp de Beaune-la-Rolande, qui laissa son mari s’enfuir. Ainsi réunis, les Hammer décidèrent de quitter Paris et de passer en zone sud. Madeleine, elle, se chargerait d’aller chercher les enfants et de leur faire franchir la ligne de démarcation. A cet effet, Yvette lui prêta généreusement et courageusement son propre livret de famille, sans même en informer son mari. Tandis que Berthe et Lazare arrivaient à bon port, Madeleine et les enfants furent arrêtés dans le train et internés à Tours. Une nouvelle fois, Yvette vint au secours de la famille. Elle se rendit immédiatement à Tours, se présenta au camp de détention et réclama avec véhémence la remise en liberté des deux petits, proclamant qu’elle les connaissait depuis leur naissance. Après une vive discussion avec le commandant du camp, elle obtint gain de cause. Elle ne put malheureusement rien faire pour Madeleine, qui fut déportée et ne revint pas des camps de la mort. Bien des années plus tard, Yvette vit le film « Choah » au cinéma. Bouleversée, elle se mit à la recherche de ses amis juifs survivants, qu’elle retrouva.

Le 31 décembre 1993, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Yvette Cross-Babiole le titre de Juste parmi les Nations. 

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