En 1940, Kiwa Prajs, un Juif polonais de 25 ans, s’enfuit de son pays pour se réfugier en France. Ayant fait son service militaire, le jeune homme voulut s’engager dans le régiment polonais formé en France. Il n’y parvint pas et prit une chambre dans un petit hôtel du 20ème arrondissement de Paris et tenta de se faire enregistrer au commissariat en tant qu’étranger non juif. Le préposé lui demanda le prénom de ses parents, puis constata que ses papiers portaient la mention « juif ». Ce fut donc en tant que Juif étranger qu’il fut inscrit sur le registre. Il se trouvait dès lors en danger constant d’arrestation et de déportation. En août 1942, il fut effectivement arrêté avec un groupe de juifs étrangers. Interné à Drancy, il tomba gravement malade et fut remis en liberté. C’est alors qu’il entendit dire que l’UGIF recrutait des Juifs pour travailler dans une ferme située dans les Ardennes. Il se rendit donc, sous les auspices de cette organisation, dans le village de Wadelincourt, à sept kilomètres de Sedan. Huit autres familles s’y trouvaient déjà. Il commença par travailler aux champs. Rapidement, on s’aperçut qu’il parlait très bien le français et l’allemand ainsi que le polonais et il fut appelé à exercer les fonctions d’interprète. A Wadelincourt, il fit la connaissance d’Alice Laroche-Ficher. Cette habitante du village écoutait les nouvelles de radio-Londres et avait pris l’habitude de se tenir sur le pas de sa porte pour en faire part aux ouvriers qui passaient pas là. Au début de l’année 1944, des agents de la Gestapo vinrent arrêter tous les Juifs envoyés à Wadelincourt. Kiwa Prajs, qui figurait sur la liste, réussit à tromper la vigilance des agents et à s’échapper. Après avoir erré dans la forêt pendant trois semaines, il revint à Wadelincourt, se tournant vers la seule personne qu’il connaissait, Alice Laroche-Ficher. Cette dernière le fit entrer immédiatement et le cacha dans son grenier pendant qu’elle lui préparait une chambre. Il vécut chez elle pendant deux mois. Elle s’occupa de lui avec dévouement et lui procura des faux papiers grâce à un ami qui travaillait à la mairie. Elle savait certes qu’il était juif et recherché par la Gestapo, mais se montra prête à l’héberger aussi longtemps que nécessaire, malgré le risque de dénonciation et les visites fréquentes des Allemands. Par deux fois le jeune homme tenta sans succès de passer en Suisse. Au mois de mars, après deux mois chez Alice, il partit rejoindre le maquis de la région. Après la guerre, il rendit plusieurs fois visite à celle qui l’avait sauvé pour lui manifester sa gratitude et sa fidélité.

Le 10 août 1994, Yad Vashem a décerné à Alice Laroche-Ficher le titre de Juste parmi les Nations.

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