Vers la fin de l’année 1943, Jacques et Marguerite Yung s’enfuirent de Marseille avec Jean-Michel, leur petit garçon de cinq ans, pour se rendre à Paris. Certes, ils n’étaient pas recensés comme Juifs et ne portaient pas l’étoile jaune, mais, sans revenu ni domicile fixe, ils risquaient en permanence d’être arrêtés et déportés. Ils firent appel à des amis de Marseille, les Fournier, qui s’étaient eux-même installés à Paris : Abel Fournier, inspecteur des douanes, avait demandé son transfert dans la capitale après l’Occupation de la zone sud par les Allemands en novembre 1942. Jacques Yung avait connu Abel Fournier en 1939, alors qu’ils étaient tous deux mobilisés. Abel et Yvonne Fournier avaient deux fils : l’un avait rejoint les Forces françaises libres et l’autre, Louis, avait été réquisitionné pour le travail obligatoire à l’usine de munitions Delahaye. Plusieurs des ouvriers de l’usine faisaient partie du groupe clandestin « Libération »; certains imprimaient des affiches de la Résistance. Abel répondit immédiatement à l’appel de son ami en l’invitant à loger temporairement chez lui. La famille Yung y passa près d’une semaine, puis Yvonne conduisit Marguerite et son fils à Vitré, en Bretagne, où des parents des Fournier s’étaient montrés disposés à les accueillir. Ils y vécurent jusqu’à la Libération. Jacques Yung pour sa part demeura chez les Fournier, dormant dans la chambre de leur fils Louis, jusqu’à la fin de l’Occupation. On raconta aux voisins que Jacques était un cousin. Les propriétaires de l’appartement, qui étaient grecs, devinèrent qu’il s’agissait d’un juif mais surent garder le secret. Les Fournier avaient pris d’immenses risques en accordant leur aide à leurs amis juifs.

Le 2 novembre 1992, Yad Vashem a décerné à Abel et Yvonne Fournier et à leur fils Louis le titre de Juste parmi les Nations. 

Documents annexes

Invitation cérémonieInvitation cérémonie
20 septembre 2018 18:52:56