Marguerite Baillagou était veuve et habitait avec sa fille Madeleine à Cahors (Lot), où elle était propriétaire d’une boutique de chaussures. En été 1942, elle accueillit à son foyer une fillette juive de 9 ans réfugiée de Paris, Claude Zitlenok. Un an auparavant, le père de Claude avait été interné à Drancy, d’où il fut par la suite déporté à Auschwitz et exterminé. Sa mère, Léa, faisait des ménages pour subvenir aux besoins de ses trois filles. Au bout de quelques mois, les deux aînées franchirent clandestinement la ligne de démarcation et se réfugièrent en zone sud. Pendant les heures critiques de la rafle du Vel d’Hiv, le 16 juillet 1942, l’un de ses employeurs recueillit et cacha Léa Zitlenok et la petite Claude. Mais l’une de ses grandes sœurs, qui s’était mise au service d’un réseau juif clandestin de sauvetage d’enfants, vint alors à Paris et emmena Claude en zone sud. C’est elle qui la confia à Marguerite Baillagou à Cahors. Celle-ci traita l’enfant comme si elle était sa propre fille et la petite réfugiée fréquenta une école catholique et se rendit le dimanche à l’église avec sa bienfaitrice et sa fille Madeleine, âgée alors de 20 ans. « Madame Baillagou », écrivit plus tard Claude Zitlenok, « me rappelait souvent que tout cela était provisoire, que je suis juive et que le jour viendra où je porterai à nouveau mon vrai nom et retrouverai ma famille. Madeleine me traitait comme si j’étais sa petite sœur. Elle m’emmenait en promenade et chez ses copines. Jamais Madame Baillagou ne m’a fait sentir qu’elle faisait pour moi quelque chose d’extraordinaire. » Quant à Madeleine, elle évoque sa mère comme « une personne très humaine et généreuse. Elle a fait tout cela naturellement et nous a transmis avec simplicité l’amour de tous les êtres vivants et la fraternité entre tous les humains ».
Le 24 mai 1999, Yad Vashem a décerné à Marguerite Baillagou le titre de Juste des Nations.
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