Juliette et Augustin Aubert résidaient à Ménestreau (Nièvre). Il était garde-champêtre et pour compléter ses maigres revenus, elle gardait des enfants en pension. En 1941, les Aubert avaient déjà accueilli une petite parisienne d’origine juive Madeleine Godsztajn, 6 ans, envoyée chez eux en convalescence par le dispensaire de la rue Amelot. Son père arrêté et interné à Pithiviers, fut déporté à Auschwitz, en juin 1942. Le 16 juillet 1942 au matin de la rafle du Vel’d’Hiv, la police se présenta au domicile des Goldsztajn pour arrêter Madeleine, sa sœur Annette, 5ans, et leur mère. Elles réussirent à prendre la fuite et se réfugièrent chez des proches. Leur mère demanda alors au concierge d’emmener ses filles chez les Aubert, sans les avoir prévenus. Quand elles arrivèrent, elles furent reçues avec chaleur et cela malgré les conditions très modestes de leur logis. Le couple vivait alors dans une petite maison de trois pièces avec leur fille Gisèle, 20 ans, leur belle-fille Cécile et son petit garçon de 4 ans, leur fils Gérard étant prisonnier de guerre en Allemagne, et une pupille de l’Assistance Publique de 12 ans. Avec Madeleine et Annette, intégrées à la famille et considérées comme leurs petites filles, cela faisait huit personnes. Elles appelaient leurs protecteurs «Pépé» et «Mémé». En 1943, le maire du village reçut l’ordre de recenser tous les enfants juifs et, pris de peur, demanda au couple de se séparer des fillettes. A contre-coeur, elles partirent rejoindre leur mère à Lyon qui les confia aux Sœurs de Saint-Vincent de Paul. Elles revinrent chez les Aubert à la Libération et y séjournèrent jusqu’au retour des camps de leur père. Après leur départ, ils accueillirent pourtant encore 3 autres jeunes juifs en grand danger. Cette fois, ce fut Marie-Elise Flament*, assistante sociale du dispensaire de « l’Hygiène Sociale » du 4ième arrondissement à Paris, qui réussit à les convaincre de prendre en charge Anna Mandel, 10 ans, et sa sœur Monique, 3 ans alors qu’ils cachaient déjà Joseph Binstock, 3 ans. Le père et les frères des deux fillettes avaient été déportés et elles avaient subi de mauvais traitement chez des nourrices précédentes. Tous les enfants cachés chez les Aubert ont survécu aux persécutions grâce à leur générosité et à leur courage.
Le 13 avril 2004, Yad Vashem a décerné à Juliette et Augustin Aubert le titre de Juste des Nations.
Le témoignage
Convoqué au commissariat, le 14 mai 1941, Monsieur Goldsztajn, se retrouve au camp de Phitiviers, d’où il sera déporté. Sa femme et ses deux filles, Anna et Madeleine, échappent à la rafle du 16 juillet 1942 et se réfugient chez un oncle. Le concierge accepte de les conduire chez Augustin et Juliette Aubert à Menestreau dans la Nièvre, où Madeleine avait déjà séjourné pour raisons de santé. Elles furent accueillies avec chaleur et affection. Elles faisaient partie de la famille Aubert. Dans le village tout le monde savait qu’elles étaient juives. En 1943, le maire du village, mis en demeure de déclarer la présence des enfants juifs cachés dans la commune demanda à Madame Aubert de faire partir les enfants de Menestreau. A leur corps défendant, ils prévinrent la mère passée en zone libre qui se cachait à Lyon. Elle envoya quelqu’un les chercher et les enfants furent confiées dans un orphelinat des soeurs St Vincent de Paul. En janvier 1945, elles retournèrent chez les Aubert jusqu’en septembre 1945. Le père étant revenu de déportation, les parents les ramenèrent à Paris. Par la suite elles retournèrent en vacances chez ce couple et sont restées en relation avec leurs enfants et petits- enfants. Monsieur et madame Aubert ont également mis à l’abri Madame Anna Mandell et sa soeur ainsi qu’un autre enfant juif, Joseph Binstock, âgé de trois ans et Lucienne Rzepka, âgée de 12 ans et faisant partie de l’assistance publique.
Documents annexes
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