Auguste BRIONNE
Alice BRIONNE
Les parents d’André Failovic, Mejszc Kopel Failovic et Ragzk.a Failovic née Wisznia, étaient originaires de Pologne, son père de Lodz, et sa mère de Grodzisk.
Ils habitaient Paris depuis 1930.
Mojszc Kopel Failovic faisait de la reliure d’art, métier qu’il avait appris en Pologne. Il travailla à l’atelier de reliure de la librairie Hachette, à Paris, dans le 14ème arrondissement, jusqu’à la déclaration de guerre en 1939.
André naquit dans le 14ème arrondissement de Paris et grandit dans le 20ème arrondissement.
Le 2 septembre 1939, alors qu’il se trouvait en vacances en Dordogne chez des amis paysans, M et Me Privas, la guerre éclata. Son père, toujours citoyen polonais, mais ayant fait une demande de naturalisation, s’engagea alors comme volontaire étranger dans l’armée française.
Sa mère quitta Paris avec son fils aîné, Charles, pour rejoindre André en Dordogne.
il est apparemment pénible à André d’écrire sur son frère Charles. En réponse à mes questions, il me dit que son frère, né le 21 novembre 1924, faisait une école professionnelle de mécanique; il resta à Périgueux jusque vers l’été 1942, puis partit à Toulouse. il monta ensuite à Paris où il fut pris … et ne revint pas.
C’était la panique à la gare d’Orsay où tous les trains étaient pris d’assaut.
Ils s’installèrent à Chancelade, petit village situé à quelques kilomètres de Périgueux, où Mojszc Kopel Failovic réussit à les rejoindre lorsque l’armistice fut signé, en juin 1940.
De 1940 à août 1944, il exerça divers «petits métiers », essentiellement comme journalier dans les fermes des environs.
En novembre 1940, les parents d’André Faivolic le confièrent à M et Me Brionne, au collège catholique Saint Front, à Périgueux, afin de le protéger. Il y fut inscrit sous le nom d’André Dupont.
M Brionne était le directeur du collège, et Me Brionne, mère de 7. enfants, dont 2 décédés, dirigeait l’économat et veillait à la bonne marche de l’établissement.
Paul Brionne se rappelle l’arrivée de «Dédé », alors âgé de 6 ans, comme pensionnaire chez ses parents. Il précise que ses parents ont fait établir pour Dédé un certificat de baptême au nom d’André Dupont.
Durant toute la période d’occupation, André fut considéré par le couple Brionne comme leur fils, et, par les enfants Brionne, comme leur frère.
Il participa à toutes les activités de l’école catholique – Coeurs Vaillants, Louveteaux, messe- et à tous les événements, petits et grands, de la vie quotidienne.
Interne, il rentrait le samedi soir chez ses parents, quand les circonstances le permettaient.
Ses parents payaient scrupuleusement sa pension, mais M et Me Brionne leur avaient dit de ne pas s’inquiéter s’ils ne pouvaient pas la verser, étant donné les circonstances.
André se rappelle un autre garçon juif, plus âgé que lui d’environ 5 ans, qui fut également hébergé par M et Me Brionne pendant cette période, sous le nom de Georges Duval. A la libération, celui-ci repartit avec sa mère à Paris. Ille revit une fois dans les années 1950-1955, puis il n’eut plus de nouvelles.
André, bien qu’encore très jeune, se souvient très bien du 6 juin 1944, jour du débarquement, tant attendu par les uns, tant redouté par les autres.
Puis vint la libération, une immense explosion de joie, et la libération de Périgueux par les forces de la résistance périgourdine.
André se souvient que Cécile, une des deux filles de M et Me Brionne, le prit dans ses bras en criant « on est libre, libre … Maintenant, je peux t’appeler par ton vrai nom, tu ne t’appelles pas Dupont ».
Il ne comprenait rien à ce manège et lui répondit « t’es fada» ;
On lui expliqua tout. ..
Ses parents et les Brionne tombèrent dans les bras des uns des autres.
Fin heureuse, assombrie par le fait que Charles, son frère aîné, avait été arrêté à Paris en mars 1944 et déporté à Auschwitz d’où il ne revint pas.
André décrit M et Me Brionne comme des personnes très croyantes, proches des idées du maréchal Pétain, mais n’admettant pas son attitude par rapport aux juifs.
Ils étaient devenus très amis avec ses parents ; cette amitié se poursuivit avec les enfants et les petits-enfants.
En 1948, lors d’un déjeuner chez les parents d’André, avec M. et Me Brionne de passage à Paris,
M. Brionne fit les commentaires suivants au sujet de la proclamation de la renaissance de l’Etat d’Israël: « c’est un fait historique cette indépendance chèrement acquise, après bien des tribulations, des incertitudes, des tragédies … le peuple juif a retrouvé la terre ancestrale. Plus jamais il ne devra la quitter », et il ajouta: « si Israël avait existé 50 ans plus tôt, pareille tragédie n’aurait pas existé. A présent, le peuple juif va construire son pays, une nouvelle nation apparaît sur la carte qui apportera sa pierre à la civilisation ».
André perdit son père en 1963, et sa mère en 1964.
« Maman Brionne» mourut en 1972, et « Pépé Brionne)} en 1980.
André maintient d’excellentes relations avec les enfants Brionne, et ils se rencontrent le plus souvent possible.
Le 19 Septembre 2010, L’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Monsieur Auguste Brionne et son épouse Alice.
Documents annexes
Article de presse – Dordogne libre du 20/01/2012 6 novembre 2013 16:00:03 | |
Article de presse – Sud Ouest du 23/01/2012 6 novembre 2013 15:58:54 |