Jules Boucherit
En octobre 1940, la législation sur le statut des Juifs instaura un numerus clausus limitant le nombre de Juifs dans certaines professions et dans les établissements d’enseignement supérieur. Le Conservatoire national de Paris, la principale école de musique de France, était l’un des établissements visés. Jules Boucherit, violoniste de renom et l’un des plus grands professeurs du Conservatoire, attirait des étudiants du monde entier. A la rentrée d’octobre 1940, plusieurs Juifs s’étaient inscrits dans sa classe : David Erlih, Lionel Gali, Michel Schwalbe, Ivry Gitlis, Charles Cyroulnik et Denise Soriano. Jules Boucherit trouva alors un moyen de contourner les décrets anti-juifs. Prétextant sa mauvaise santé (il avait alors plus de soixante ans) et avec l’accord du directeur administratif de l’école, il transféra ses cours dans une villa de Burron-Marlote, au sud de Paris. Cette maison avait été mise à sa disposition par une amie et collègue du Conservatoire, la pianiste Magda Tagliaferro, qui avait été forcée de s’enfuir en Amérique du Sud. Lorsque la situation des Juifs à Paris empira en 1942, les étudiants juifs vinrent tous s’installer avec le professeur dans cette résidence. Ils y demeurèrent jusqu’à la libération. Non content de leur donner des cours, Jules Boucherit leur assurait le gîte et le couvert. Fait remarquable, aucun des domestiques, aucun des voisins ne dénonça aux autorités les habitants illégaux de la villa. Après la guerre, le professeur Boucherit épousa une de ses élèves juives, Denise Soriano, qui devint à son tour violoniste de renom et professeur.
Le 28 février 1993, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Jules Boucherit le titre de Juste parmi les Nations.
Documents annexes
Article de presse – Le Figaro du 18/05/1982 1 novembre 2013 17:27:44 |