30 portraits de résistantes
Michèle Agniel, Lucie Aubrac, Annette Chalut, Marie Jo Chombart de Lauwe, Josette Dumeix, Simone Fischer, Jacqueline Fleury, Jacqueline Fourré, Gisèle Guillemot, France Hamelin, Madeleine Jégouzo, Odette Kerbaul, Simone Le Port, Lise London, Colette Lorin, Adrienne Maire, Renée Maurel, Odette Nilès, Jacqueline Pardon, Christiane Petit, Gilberte Pradeau, Gisèle Probst, Françoise Robin, Cécile Rol-Tanguy, Marie-Claire Scamaroni, Jacqueline Tamanini, Germaine Tillion, Odile de Vasselot, Denise Vernay, Hélène Viannay…
Marie Rameau :
Des femmes en résistance. 1939-1945.
Préface de Claire Andrieu
Ed. autrement.
Présentation de l’Editeur :
– « Trente témoignages de femmes qui, pour des raisons politiques ou tout simplement parce qu’elles ne supportaient pas de voir leur pays occupé, ont choisi de résister. Trente photographies qui parlent aujourd’hui d’aventures humaines du temps jadis.
Marie Rameau est photographe indépendante (1).
Claire Andrieu, la préfacière, est professeure des universités en histoire contemporaine à l’Institut d’études politiques de Paris. » (2)
Présentation reprise par les libraires :
– « Mars 1943, Simone Le Port devient agent de liaison dans le groupe de résistance dirigé par son mari, Julien. Elle héberge, dans sa ferme isolée de la campagne morbihannaise, des hommes réfractaires au STO, des armes et des munitions parachutées d’Angleterre. Avril 1944, elle est dénoncée, les Allemands brûlent la ferme. Simone est arrêtée et torturée. Elle garde le silence et est déportée à Ravensbrück. Elle rentrera chez elle en mai 1945.
Septembre 1983, elle raconte son histoire à une jeune femme : Marie Rameau. Profondément marquée par son récit, vingt ans plus tard alors que Marie est devenue photographe, elle fait son portrait. Simone vit toujours mais sa mémoire s’efface, doucement. De ce temps passé en compagnie de Simone Le Port, des lectures qu’elle lui a conseillées, les ouvrages de Germaine Tillion et de Charlotte Delbo, de son désir de dire, de lui dire, est née, pour Marie Rameau, l’envie de raconter son histoire. Et puisque, si souvent, Simone lui parlait de ces autres femmes qui avaient refusé le France collaborationniste de Vichy, elle a doucement tiré sur le fil qui les réunissait et, petit à petit, est allée à la rencontre de chacune d’elles. Chaque fois, elle a fait leur portrait, un portrait en noir et blanc, le plus simple possible, écoutant le récit de leur histoire, lorsqu’elles voulaient bien le livrer.
Dans dix ans, seuls les historiens pourront raconter l’histoire de ces femmes, il n’y aura plus de témoins. Ce livre pour montrer les visages des vieilles dames qu’elles sont devenues. Mais aussi, leurs voix singulières, mêlant les résurgences de leur histoire passée à la nécessité de la raconter.
« Seule la mort, du reste, donnerait, j’en suis sûre, un sens complet à mon action. Je ne l’envisageais qu’ainsi : se donner, donner sa vie. » Denise Vernay. »
Extrait de la préface de Claire Andrieu :
– « C’est un mélange d’In Memoriam et de carnet de voyage, un album de souvenirs croisés qui mêlent des récits de résistantes et des notes de rencontre de l’auteure avec celles-ci, observations et conversations consignées qui sont autant d’étapes d’un périple qui n’aurait pas de raison de s’arrêter. »
Yannick Ripa, Libération (10 août 2008) :
– « Des visages féminins marqués par le temps portent-ils les traces d’une vie passée, témoignent-ils de la force de caractère qu’il fallut autrefois pour refuser le nazisme et s’engager dans la Résistance ? C’est cette interrogation inattendue qui a guidé le travail de la photographe Marie Rameau. Son objectif a saisi des regards, des sourires, des langueurs, des quiétudes, des vivacités de vieilles dames qui conservent en leur mémoire, parfois pourtant défaillante, les souvenirs de leur lutte, toujours présentée comme anodine, tant l’héroïsation, on le sait, est si peu une posture ordinaire chez les femmes de l’armée de l’ombre.
Elles se veulent davantage gardiennes de la mémoire des disparu-e-s, le plus souvent un proche, frère ou fiancé ; elles sont les vecteurs de cette histoire que nombre d’entre elles sont allées offrir aux lycéens afin que la mémoire fasse rempart au retour de la barbarie.
A l’origine de cet ouvrage, la rencontre de l’auteur encore adolescente et d’une résistante, Simone Le Port, qu’elle n’osa pas interroger. Des années durant, des questions, si souvent posées, taraudent Marie Rameau : «Pourquoi devient-on résistante ? Pourquoi elle, et pas tout le monde ?» D’autres, si peu énoncées, semblent plus encore pertinentes. «Et après, comment vit-on ? […] Comment vit-on en compagnie de ceux qui n’ont rien fait ?»
Alors, on part à la rencontre de trente de ces combattantes dont la photographe nous décrit le cadre de vie ; la paix qui s’en dégage contraste avec le danger du temps de leur jeunesse. Ces femmes l’évoquent comme pour s’excuser de leur grand âge qui, à les en croire, les rend laides et si peu présentables sur ces pleines pages. Ainsi, cet ouvrage, sans mot dire et peut-être même sans que l’auteur en ait pleinement conscience, parle davantage de la vieillesse et de la manière dont elle est vécue par des femmes d’envergure. »
La résistante Odette Kerbaul et l’auteure Marie Rameau (Photo : Ouest France)
François Simon, Ouest France (5 mars 2008) :
– « On y lit, on y voit et on y entend des ouvrières communistes, des grandes bourgeoises catholiques, des femmes ordinaires et des intellectuelles trapues. L’armée des ombres, du moins sa partie féminine, était constituée de tout un peu. Le dégoût de l’inadmissible, la dignité d’être soi traversent toutes les classes sociales.
Et puis, on y retrouve, poignantes, quelques photos qui sont déjà des souvenirs. Lucie Aubrac, Hélène Vianney ou France Hamelin ne sont déjà plus là. Il était grand temps de les regarder une nouvelle fois. De faire provision de ces regards tout à tour transperçants ou se perdant dans le vague. À 20 ans, elles ont tout vu et aujourd’hui, elles nous regardent. Un jour, leurs yeux vont se fermer. Le pressoir du temps besogne et nous arrache une à une ces dames lumineuses, éclairées de l’intérieur, extrêmement gaies et graves à la fois. Ces dames un peu mystérieuses comme Marie-Jo Chombart de Lauwe, toujours parmi nous, qui dit d’elle-même : « Je suis une revivante. ». »
Anne Gauvillé, nonfiction.fr (12 mars 2008) :
– « Que dire 50 ans après l’horreur de ce spectacle, de notre impuissance face à ces bourreaux, de notre incapacité à soutenir le regard de leurs victimes …. »
Ce sont de courtes histoires mais d’une grande intensité que nous livre Marie Rameau pour revenir sur leur passé de résistante, leur arrestation, leur déportation, leur « aujourd’hui ». Écrits au présent, factuels et dépourvus d’artifices rhétoriques, les récits de ces femmes ne sont jamais dissociés des circonstances de la rencontre avec l’auteure. Le ton est juste, pudique ; il n’y a pas d’emphase, de langage convenu.
Tel un album de souvenirs croisés, ce livre suggère plus qu’il ne montre, évoque plus qu’il n’écrit. Le livre surprend aussi par la présence de portraits photographiques. Les visages sont sans artifices. Les portraits, en noir et blanc, défilent « comme des portraits d’amateurs des années 1950 ». Et bien que la liberté leur fût laissée de choisir la photo à publier dans un lot de trois, la réticence à paraître en image fut presque générale. « Vous savez, on n’avait pas cette tête-là… Il faudrait montrer notre visage à vingt ans en de plus de votre photographie, ce serait plus proche de la réalité. Les vieilles dames, ça ne fait plus de résistance … et ça ne pose plus pour des photos », souligne France Hamelin lors de sa rencontre avec Marie Rameau. Mais pour l’auteure, il s’agissait bien de les photographier aujourd’hui afin de respecter son objectif : partir « d’instantanés contemporains de destins inachevés pour remonter vers une époque révolue ».
Notes :
(1) Site de photos de Marie Rameau, cliquer : ici .
(2) Claire Andrieu a codirigé avec Ph. Braud et G. Piketty le Dictionnaire de Gaulle (Robert Laffont, 2006), et a participé au comité scientifique du Dictionnaire historique de la Résistance française dirigé par F. Marcot (Robert Laffont, 2006).