69 ans après L’hommage de Simone à ses Justes

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Dossier n°

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69 ans après L’hommage de Simone à ses Justes

Simone Kogan-Reichner rend hommage au couple lorrain qui l’a sauvée en 1943 et qui reçoit demain le titre de « Juste parmi les nations ».

Simone Kogan n’oubliera jamais Auguste et Jeanne Bieber qui l’ont accueillie comme si elle était un membre de la famille. Photo AFP

Aujourd’hui âgée de 82 ans, Simone est à l’origine des démarches entreprises auprès du Comité Yad Vashem pour honorer Jeanne et Auguste Bieber. Les petits-enfants et arrière petits-enfants de ses bienfaiteurs recevront en leur nom, dimanche à Strasbourg, la médaille de Justes, lors d’une cérémonie en présence du ministre de l’Intérieur Manuel Valls.

En 1943, Simone, fille unique d’un couple de juifs strasbourgeois, a 13 ans. Elle est réfugiée avec ses parents à Clermont-Ferrand, où la famille est soumise au statut des Juifs promulgué par Vichy. Les conditions de vie sont difficiles : « On n’avait pas grand chose à manger », se souvient la vieille dame.

C’est alors qu’une connaissance des Reichner, Auguste Bieber, un ingénieur électricien âgé de 48 ans, propose à la mère de Simone d’accueillir la fillette chez lui, dans sa maison de Revigny-sur-Ornain, un petit village de la Meuse. « Auguste et sa femme Jeanne avaient trois enfants, et ils m’ont accueillie comme si j’étais un membre de la famille. J’ai vécu chez eux pendant presqu’une année. J’ai pu me requinquer, c’était une vie relativement normale et j’ai même été scolarisée », raconte Simone.

« C’était normal, c’est ça qui est fantastique ! »

La petite fille ne vit pas à proprement parler dans la clandestinité : elle va à l’école sous son vrai nom. « A la campagne, c’était plus facile de rester discret. Mais c’est quand même extraordinaire que personne ne m’ait dénoncée, car je pense que tout le monde au village savait que j’étais juive ». En 1944, après une année de séparation, l’adolescente retrouve ses parents, qui ont réussi à échapper aux persécutions et mourront après la guerre. Simone, de son côté, épousera Pierre Kogan, lui aussi sauvé par des Justes et qui l’a aidée à instruire le dossier auprès du comité Yad Vashem. Ensemble, ils auront une fille, quatre petits-enfants et trois arrière petits-enfants.

L’action d’Auguste et Jeanne, qui leur vaut aujourd’hui de figurer parmi les quelque 3 600 Justes de France, est emblématique de « ces petits gestes de générosité quotidienne, de ces mains tendues, qui ont contribué à sauver des juifs de la barbarie nazie, souligne Pierre Osowiechi, délégué du comité français pour Yad Vashem. Ce n’était pas forcément des actions héroïques, mais les gens prenaient des risques, et ils l’ont fait de manière désintéressée ».

Auguste Bieber, qui s’est par ailleurs illustré pendant l’Occupation par des faits de Résistance – il a notamment caché chez lui des aviateurs alliés – est mort de maladie, en 1947. Jeanne, en revanche, a vécu très longtemps et a pu transmettre à sa famille le souvenir de cette période. « Elle nous en a souvent parlé, mais sans vanité ni fierté mal placée. Pour elle et pour Auguste, c’était normal et c’est ça qui est fantastique », souligne Nathalie Bernard, 36 ans, arrière-petite-fille des bienfaiteurs.

« Tout le monde dans la famille est fier de cette histoire », ajoute son père Philippe, 62 ans, qui indique que les descendants des nouveaux Justes envisagent de se rendre ensemble à Jérusalem pour se recueillir au mémorial de Yad Vashem.

source: http://www.republicain-lorrain.fr/actualite/2012/07/21/l-hommage-de-simone-a-ses-justes du 21/07//2012