Deux familles du Loiret honorées par l’Etat d’Israël
Du 22/04/2018
Françoise Labidoire, Ido Bromberg (ambassade d'Israël), Mireille Raynaud et Yvette Goldberg pour la remise du diplôme des Justes à l'hôtel Groslot d'Orléans. / © X.Naizet
Les Labidoire et les Léocournet ont reçu à titre posthume la médaille de « Justes parmi les nations » pour avoir hébergé, une petite fille juive pendant la 2e guerre mondiale. Leur protégée, Yvette Goldberg, est revenue du Brésil où elle réside aujourd’hui pour assister à la cérémonie à Orléans.
Joseph et Marguerite Labidoire ainsi que Louis et Louise Léocournet ne sont plus de ce monde mais leurs descendants sont venus en nombre remplir le salon d’honneur de l’hôtel Groslot pour assister à ce grand moment. Car la médaille de « Justes parmi les nations » ce n’est rien moins que la plus haute distinction civile de l’Etat d’Israël qu’on décerne sur décision d’une commission présidée par un juge de la cour suprême. Créé en 1953 pour rendre hommage à ceux qui ont apporté leur aide à des juifs persécutés, ce titre a jusqu’à présent été accordé à 26 500 personnes dans le monde dont 243 en Centre-Val-de-Loire, et 33 dans le Loiret.
Pour le mériter, les Labidoire et les Léocournet ont fait une chose très simple et très courageuse à la fois. Héberger en 1944, à Orléans puis en Sologne, la petite Yvette Goldberg, alors âgée de 9 ans. A cette époque, son père Michel, qui avait connu les Labidoire dans sa jeunesse, était prisonnier de guerre et sa mère Chana craignait la déportation. Elle avait donc décidé de remettre sa fille à des personnes de confiance.
« Mes parents ont fait ça très naturellement. Cela leur semblait normal de sauver une petite fille,raconte aujourd’hui Mireille Raynaud, la fille du couple Léocournet. A l’époque, j’étais toute petite mais j’ai quelques souvenirs d’Yvette à la maison. Ensuite, ils ont très peu parlé de ce qu’ils avaient fait. Ils n’en faisaient pas une gloire. Mais ils auraient été heureux de la revoir. Parfois, ils parlaient de la petite Yvette et se demandaient ce qu’elle était devenue. »
Une place des Justes à Orléans ?
Et Yvette est là, bien vivante, revenue pour l’occasion du Brésil où sa famille s’est installée dans les années 50. Ce sont des cousins de la famille Léocournet qui ont retrouvé sa trace. Le contact renoué entre les familles a ensuite déclenché le processus de reconnaissance et la remise de médaille. « On ne s’était pas revues depuis la guerre, » poursuit Mireille Raynaud. « C’est touchant de vivre ça. »
Le diplôme de « Justes » a été remis par un représentant de l’ambassade d’Israël ainsi que par le vice-président du comité français pour Yad Vashem (le mémorial des martyrs de la Shoah), François Guguenheim qui en a profité pour interpeller la mairie d’Orléans : « A l’heure où des milliers de juifs quittent la France, après le meurtre de Mireille Knoll et les attentats qu’on a connus, il serait souhaitable qu’Orléans dispose, comme d’autres villes, d’un lieu pour honorer la mémoire des Justes. Une simple place, un square ou une stèle par exemple.«
La mairie d’Orléans n’a pas encore répondu à cette demande mais à Jérusalem et à Paris, là où ces lieux de mémoire existent depuis longtemps, les noms des Labidoire et des Léocournet viennent d’être gravés sur les murs des « Justes ».
Xavier Naizet
Article lié au Dossier 13275