Deux Villeneuvoises faites Justes à titre posthume
Le 26 août, Zélie et Henriette Lassort seront élevées au rang de Justes parmi Les Nations. Elles cachaient des familles juives dans la grange familiale.
Zélie, Henriette et Jackie Lassort posent ensemble à côté de la maison familiale (DR)
Jackie Lassort n’avait que 7 ans lorsque sa mère et sa grand-mère sont entrées en résistance. Pourtant, il en garde encore des souvenirs très fidèles. « Attention, ma mère n’a jamais ouvertement combattu en commando, elle était plutôt dans le renseignement, à l’intérieur de la Résistance, sur tout ce qui concernait les rafles de juifs et les descentes d’Allemands. » Zélie et Henriette seront élevées au rang de Justes à titre posthume le 26 août à Villeneuve. Leurs noms seront gravés sur le Mur d’Honneur des Justes parmi les Nations à Jérusalem.
Zélie, que les enfants appelaient Manétou, et sa belle fille Henriette, la mère de Jackie… À l’appel du général de Gaulle, le 18 juin, elles décident d’aider les résistants et cachent des armes dans la grange. « Je me souviens, les armes étaient planquées là sous les bottes de foin », raconte Jackie Lassort. C’est aussi dans cette grange que les Lassort cachaient les familles juives lors des descentes des Allemands. « Ils se mettaient en haut dans le grenier, derrière la paille pour ne pas être vus. » Édith Bloch avait 17 ans pendant l’Occupation. Elle et sa famille étaient cachés par les Lassort : « Nous avons ainsi dormi souvent dans la grange au-dessus de l’étable. Je me souviens très bien que j’avais très peur mais je me savais en sécurité et protégée », se rappelle-t-elle dans un ouvrage destiné aux petits-enfants de la famille Lassort.
Deux familles sauvées
Zélie portait un secours matériel aux familles, leur apportant de quoi survivre. Henriette se renseignait pour protéger les familles juives dans tout le nord du Villeneuvois. C’est notamment grâce à M. Pottier, policier au commissariat de Villeneuve, qui connaissait les dates des poursuites, qu’Henriette Lassort pouvait cacher la famille Bloch-Maller. « On hébergeait également une autre famille, les Smiloski, dans une petite cabane derrière la maison, et un grand père, M. Wagner », se souvient Jackie. « Avec la famille Bloch-Maller, nous sommes restés intimement liés. Les joies et les peines : on a toujours tout partagé. Ce sont d’ailleurs eux qui ont fait toutes les démarches pour que ma mère et ma grand-mère soient reconnues Justes parmi les Nations », précise-t-il.
Des fortes personnalités
Pour Jackie et son épouse, l’élévation au titre de Justes parmi les Nations symbolisait « la reconnaissance du combat d’une vie » : « Si la reconnaissance lui avait été attribuée en 1998, comme c’était prévu au début, elle aurait été là pour la recevoir », regrette Lydie Lassort. « C’était une femme exceptionnelle. Elle ne faisait pas ça par conviction religieuse particulière. Pour elle, c’était normal de porter assistance aux personnes qui étaient persécutées. » Henriette Lassort, née Puzo, était d’origine espagnole, ses parents avaient fui le franquisme. Son mari, le fils de Zélie, était prisonnier de guerre en Pologne. « Elle disait souvent : je fais ça en espérant que peut-être quelqu’un fera ça pour Fernand », se remémore Jackie Lassort. Deux raisons qui ont poussé Henriette Lassort à agir ainsi. « C’était une femme très volontaire, avec un esprit généreux et une grande droiture d’âme », témoigne son fils avec émotion. « Je ne me souviens pas de tout mais parfois je sentais la peur. Même quand on est gamin, ce sont des faits qui restent gravés dans la mémoire », ajoute-t-il en tenant la photographie de sa mère et de sa grand-mère d’une main un peu tremblante.
Laëtitia Machusoure
source:http://www.sudouest.fr/2012/07/27/deux-villeneuvoises-faites-justes-a-titre-posthume-780411-3900.php du 27/07/2012
Article lié au Dossier 12198