Freddy Robins devant les écoliers
Plus de soixante ans après avoir été sauvé par les époux Briand, le petit réfugié lorrain de l’époque a témoigné.
Freddy Robins, 77 ans, vit en Australie. Il a témoigné devant les élèves de Jules-Vallès. (photo s. B.)
Les CM1-CM2 de Jérôme Lescanne, à l’école Jules-Vallès, et de Laurence Mony, Gaëlle Mandin et Christian Meunier à l’école Pablo-Picasso, ont reçu, hier, Freddy Robins, 77 ans. Enfant juif, il a été recueilli par la famille Briand (1) lors de la Seconde Guerre mondiale.
Pour préparer sa venue, les écoliers castelbernadins s’étaient plongés dans les livres d’histoire pour comprendre les conditions de vie des enfants juifs et le rôle joué par les personnes qui les avaient cachés souvent au péril de leur vie.
Pour la première fois, hier, Freddy Robins a raconté son histoire à des enfants. « C’est un challenge. Ces jeunes vont poser des questions directes et innocentes. Il ne faut pas s’amuser avec cela. » Le contact entre Freddy Robins et les élèves s’est noué immédiatement. Très vite, aux questions préparées, se sont greffées celles de la spontanéité.
Le réfugié lorrain avait 4 ans lorsqu’il est arrivé à Châteaubernard. Il est resté caché de 1940 à 1944 chez les époux Briand et, la paix revenue, a prolongé son séjour de deux ans. Puis Freddy Robins a rejoint ses grands-parents à Paris où il est resté jusqu’en 1950, avant d’aller en Australie.
Bonheur ininterrompu
Oui, il a aperçu des militaires allemands : « Ils étaient partout. On les appelait des doriphores. » Les enfants ont beaucoup interrogé Freddy Robins sur la séparation avec ses parents. Non, Freddy Robins n’a pas été abandonné, mais confié aux époux Briand pour permettre à sa mère de travailler alors que son père, militaire, était prisonnier de guerre.
Grâce aux réseaux de la Résistance, il a pu retrouver des membres de sa famille à deux reprises à Montpellier ; sa maman lui a rendu visite une fois. Il a même écrit à son père.
Les écoliers avaient bien intégré l’ambiance anxiogène qui pouvait régner en temps de guerre et s’en sont enquis auprès de Freddy Robins. Il n’a jamais eu peur, car il ignorait sa judéité. Puis un souvenir lui est revenu à l’esprit. Freddy Robins était seul sur la route, son vélo sur les épaules, une vague de bombardiers américains était passée au-dessus de sa tête. Le jeune homme croyait sa dernière heure arrivée et pleurait. Dix ans plus tard, Freddy Robins devenait pilote : les mots réconfortants d’Henriette Briand avaient eu raison de sa peur.
Freddy Robins a considéré Joseph et Henriette comme ses deuxièmes parents. Aussi étrange que cela puisse paraître dans le contexte de l’époque, Freddy Robins a résumé ces années-là comme « un moment de bonheur ininterrompu. »
Sandra Balian
souce: http://www.sudouest.fr/2012/06/16/freddy-robins-devant-les-ecoliers-744959-882.php du 16/06/2012
Article lié au Dossier 12086