Ainsi, un jour de mars 1943, Denise Bergon, la directrice du couvent, est venue les chercher pour les amener dans ce lieu, où 83 enfants juifs ont été protégés grâce à la volonté d’un homme : le Cardinal Jules Saliège, archevêque de Toulouse et auteur d’une lettre pastorale sur la personne humaine lue dans toutes les paroisses de son diocèse en août 1942. «Il a demandé à Denise Bergon de cacher des enfants juifs, lui disant :  »Mentez, je vous donne par avance toutes les absolutions ».»

Ainsi, jusqu’en mai 1944, le jeune Albert et sa sœur ont vécu à Capdenac au milieu de dizaines d’enfants juifs qui, comme eux, passaient pour de «bons petits chrétiens réfugiés de l’est de la France». «Nous assistions aux messes et avions appris toutes les prières. J’ai même été enfant de chœur», se rappelle-t-il.

Durant cette période, sa mère, parfois obligée de se cacher avec leur frère de quelques mois, viendra les voir deux ou trois fois. Et son père, résistant, sera arrêté, torturé puis déporté à Auschwitz, d’où il reviendra après la libération des camps.

Aujourd’hui délégué régional du Comité Français pour Yad Vashem, Albert Seifer se fait un devoir de retrouver et d’honorer les «Justes parmi les Nations», ces Français qui ont sauvé des juifs de la barbarie nazie, comme le Cardinal Saliège et Denise Bergon. Et chaque année, le 30 octobre (date anniversaire de sa mort), il a une pensée pour cet homme, qu’il n’a jamais rencontré mais qui lui a sauvé la vie.

Katia Broussy

source: http://www.ladepeche.fr/article/2012/09/13/1438900-le-cardinal-saliege-m-a-sauve.html du 13/09/2012