Le Schindler néerlandais, sauveur d’enfants juifs, meurt à 107 ans
Du 27/03/2018
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à gauche, rencontre Johan van Hulst, qui avait sauvé des enfants juifs pendant la Shoah lors d'un voyage d'état aux Pays-Bas en 2012 (Capture d'écran : YouTube)
Johan van Hulst, directeur du séminaire religieux protestant, avait fait s’échapper aux côtés de résistants des Juifs tombés entre les mains des nazis.
Johan van Hulst, responsable d’un séminaire néerlandais qui avait sauvé des centaines d’enfants Juifs pendant l’Holocauste et qui était devenu sénateur, est mort à l’âge de 107 ans.
Van Hulst et des résistants avaient placé des enfants en sécurité pendant plusieurs mois. Il était le directeur du séminaire religieux d’Amsterdam qui possédait une cour qui jouxtait la crèche installée dans une structure dans laquelle les nazis et les collaborateurs emprisonnaient les Juifs avant leur départ dans les camps de concentration.
Feu le directeur, qui est mort jeudi, avait dissimulé dans son école des enfants sortis de la crèche de Hollandsche Schouwburg, que lui et ses camarades de lutte faisaient passer à travers la haie qui séparait les deux cours. De là, les résistants et les combattants emmenaient les enfants dans des maisons où ils étaient en sécurité, parfois dans des paniers de linge ou en bicyclette, en prétendant que ces enfants étaient les leurs.
Le mémorial et musée israélien de la Shoah de Yad Vashem avait reconnu en 1973 Van Hulst comme un Juste parmi les nations – un titre délivré aux non-Juifs qui ont risqué leurs vies pour sauver des Juifs pendant la Shoah.
En 2012, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait rendu hommage à Van Hulst au cours d’une visite d’Etat aux Pays-Bas. Cette année-là, l’héroïsme de Van Hulst avait été immortalisé dans un film intitulé « Sussman ».
« Nous le disons, ceux qui sauvent une vie sauvent tout l’univers. Vous avez sauvé des centaines d’univers. Je veux vous dire merci au nom du peuple Juif mais également au nom de l’humanité », avait dit Netanyahu à Van Hulst qui, après l’Holocauste, était devenu sénateur pour le parti de l’Appel démocratique chrétien.
En 1943, un responsable du ministère de l’Education appelé Fieringa avait découvert plusieurs enfants juifs à l’école Hervormde Kweekschool de Van Hulst et avait demandé ce que signifiait leur présence en ces lieux, et s’ils étaient juifs. Dans un entretien réalisé en 2012, Van Hulst s’était souvenu lui avoir dit après un long silence : « Vous n’attendez pas véritablement de moi que je vous réponde, n’est-ce pas ? »
Fieringa, un inspecteur, n’avait rien rapporté de ce qu’il avait vu
La cour du nouveau National Holocaust Museum à Amsterdam. C’est via cette cour que des centaines d’enfant s juifs ont été clandestinement confiés à des familles hollandaises durant la Shoah, le 15 janvier 2017 (Crédit : Matt Lebovic/Times of Israel)
Le terrain où se trouvait l’école Hervormde Kweekschool accueille dorénavant le musée national de l’Holocauste des Pays-Bas. Sur le mur conjoint, une exposition permanente en hommage à Van Hulst est à découvrir.
De plus, Yad Vashem a reconnu au début du mois comme Juste un policier de la ville de Beverwijk, près d’Amsterdam, et son épouse ainsi qu’un autre couple, Willem et Ali Bleeker, pour leur sauvetage d’une fillette juive, Dolly Drilsma. Le couple Bleeker avait caché la petite fille dont les parents vivaient dans la clandestinité, sans elle.
Quand la famille Bleeker avait soupçonné que les nazis les observaient, ils avaient confié Dolly au policier, Leo van der Hoorn. Quelques jours plus tard, ses parents avaient été découverts et envoyés à la mort. En tant qu’agent de police servant les forces d’occupation nazies, van der Hoorn risquait de dures sanctions, notamment une exécution sommaire.
Les Pays-Bas enregistrent plus de 5 000 Justes parmi les nations, le chiffre le plus important au monde après la Pologne.
Le pays présente également le taux de décès le plus élevé parmi les Juifs durant la Shoah de toute l’Europe occidentale occupée par les forces allemandes, en raison d’une partie de la population qui avait trahi les Juifs et de la collaboration des locaux avec les nazis.
JTA