Les Carnets de Minna
Présentation par les Ed. du Seuil :
– « Un quart de siècle après la mort de sa mère dans le camp de concentration de Terezin, en Tchécoslovaquie, Anny Stern reçoit un paquet transmis par un inconnu. Lorsqu’elle se décide finalement à l’ouvrir, elle découvre des lettres, des photos et surtout un carnet de recettes fait de pages friables cousues ensemble et couvertes de frêles écritures.
Après l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne en 1939, Minna Pächter est déportée, comme tous les juifs du pays, dans le camp de Terezin. Elle a 67 ans et n’a pas voulu suivre ses enfants et son petit-fils partis à temps pour la Palestine.
Avec ses compagnes d’infortune, Minna tente de résister à l’anéantissement programmé par les nazis en se réfugiant dans l’évocation de leurs vies passées. Malgré la faim et l’épuisement, elles se remémorent les recettes qui faisaient vibrer leurs foyers. Minna les griffonne sur des bouts de papier, avec l’espoir de les transmettre un jour à sa fille Anny.
Avant de mourir, le jour de Yom Kippour 1944 à l’hôpital du camp, Minna confie le précieux carnet à un ami détenu, le chargeant de retrouver sa fille en Palestine et de le lui remettre.
Anne Georget a rencontré le petit-fils de Minna, David Stern, aux États-Unis. Elle a réalisé en 2008 un film documentaire retraçant l’histoire de sa grand-mère et de son Kochbuch. À travers les voix d’Anny et de David Stern, ainsi que d’autres témoins ou survivants de Terezin, ce livre retrace l’imprévisible et poignant périple des carnets de Minna Pächter. »
4e de page :
– « Je me souviens de ce jour où le téléphone a sonné.
– Êtes-vous Anny Stern ?
– Oui
– Dans ces cas, j’ai un paquet de votre mère pour vous ».
Ainsi finissait la longue errance de pages friables cousues à la main, un livre de cuisine, surgissant après un quart de siècle des abysses du camp de concentration de Terezin, en ex-Tchécoslovaquie. C’est l’histoire de ce recueil de recettes, de ses pérégrinations et d’un de ses auteurs – Minna Pächter, mère d’Anny Stern – qui est au coeur de cet ouvrage.
Vieille dame issue de la bourgeoisie austro-hongroise installée en Tchécoslovaquie, Minna arrive à Terezin le 8 octobre 1942. Avec certaines de ses codétenus, elle rassemble par écrit les meilleures recettes ressurgies de leur mémoire. Réussissant avant de mourir à confier ce manuscrit à un ami détenu, Minna espère qu’il sera remis à sa fille, Anny, réfugiée en Palestine depuis 1939.
Après un invraisemblable périple qui débute en 1944 pour ne s’achever qu’en 1969 aux Etats-Unis, ce carnet de recettes retrouve en effet la fille de cette déportée.
Le livre d’Elsie Herberstein et d’Anne Georget retrace l’existence de cette famille juive tchécoslovaque depuis leur existence paisible en Tchécoslovaquie avant la guerre, le départ en Palestine d’Anny et de son fils et le départ de Minna pour Terezin jusqu’à la genèse de ce carnet de recettes et son errance de mains en mains jusqu’à New York. Au milieu de ce livre, est reproduit un fac-similé de ce carnet de cuisine, rédigé en camp, qui dénombre une vingtaine de recettes sur les quatre-vingt-quatre recettes qu’il comptait. »
Illustration d’Elsie Herberstein : « le chemin de ronde sur les fortifications encerclant Terezin. » (DR. Voir lien en bas de cette page).
Thomas Wieder :
– « Ce sont quelques feuilles disparates, grossièrement cousues entre elles, où l’on apprend comment réussir un pain aux fruits confits, des quenelles de foie ou un gâteau au pavot.
Rédigé en 1943 au camp de Terezin (Tchécoslovaquie), le carnet de recettes de Minna Pächter est aujourd’hui conservé au Musée de l’Holocauste de Washington. Il constitue le coeur de ce livre richement illustré qui retrace, en s’appuyant sur de nombreux témoignages, le bouleversant destin d’une famille juive ballottée entre l’Europe centrale, Israël et les Etats-Unis. »
(Le Monde, 12 décembre 2008).
Recette de Mazeloksch. Fac-simile du manuscrit de Minna Pächter. Illustration par Elsie Herberstein. (DR. Voir lien en bas de cette page).
Jean-Claude Vantroyen :
– « Ce livre est une odyssée. Celle de Minna Pächter d’abord, morte au camp de concentration de Terezin, en 1944. Celle d’un carnet de feuilles écrites à la main. Celle d’Anny Stern, la fille de Minna, qui reçoit ce carnet en 1969 mais qui attend des semaines pour l’ouvrir et des années pour en parler. Celle d’Anne Georget, qui réalise un film sur ces carnets. Et celle d’Elsie Herberstein, dessinatrice et journaliste, qui suit Anne sur les traces de Minna, de sa famille, des témoins…
Mais commençons par le commencement.
Minna Pächter est juive. Elle est arrêtée en 1942 par le régime nazi et envoyée à Terezin, en Tchécoslovaquie.
« Il y avait une forte concentration d’artistes dans ce camp, explique Elsie Herberstein. Des musiciens, des peintres. C’est à Terezin que l’opéra Brandibar a été composé et joué. »
Minna est encaquée avec d’autres femmes, dans un dortoir. Pour s’occuper l’esprit et les mains, une série de femmes décident d’écrire des recettes. Ces recettes qu’on couchait à la main et qu’on se transmettait de mère en fille.
« Il n’y avait pas beaucoup à manger, reprend Elsie Herberstein. Minna et ses amies se sont réfugiées dans l’évocation de la nourriture. C’était un refuge, une forme de résistance. Une manière de dire aux Nazis : vous pouvez tout me prendre, mais pas cela, qui est ma sève, qui est mon âme. »
Minna et ses amies en écrivent 78 : barquettes à la Pächter, baisers de bouton de rose bon marché, boulettes viennoises, mazeloksch, quenelles de foie, gâteau du marié… D’une écriture serrée sur des petites feuilles d’un papier bruni.
En 1944, Minna sent la fin. Elle confie ce carnet aux feuilles serrées et cousues à l’aiguille à un homme qui pouvait sortir du camp, avec mission de le remettre à sa fille Anny. »
(Le Soir, 26 décembre 2008).
Plan de Terezin (DR).