Reine et Henri Lefebvre ont reçu hier la médaille des Justes
Henri Lefebvre fils entouré de son épouse (à g.), de Léa, de Madame Le Consul d’Isrël; aux extrêmes : André Cabrol et le Dr Seifer.
Grande cérémonie, hier, en mairie de Lacaune pour la remise à titre posthume de la Médaille des Justes parmi les Nations à Reine et Henri Lefebvre. Le mot de bienvenue du maire rappela le rôle de Lacaune durant la 2e Guerre mondiale, l’implication de nombreux Lacaunais pour sauver des Juifs et aussi le triste sort d’autres, déportés et morts, immortalisés par un mémorial déjà inauguré et une place qui portera bientôt le nom des Justes. Puis, le Dr Seifer, délégué de Yad Vashem de Midi-Pyrénées, expliqua que si le mémorial de Yad Vashem à Jérusalem mentionnait toutes les victimes juives de la Shoah perpétrée par les Nazis, les non juifs reconnus Justes parmi les Nations étaient depuis 2005 honorés par un nouveau bâtiment.
Ensuite, ce fut le témoignage de Léa Marksheid, 6 ans en 1942 et assignée à Lacaune avec sa famille. Elle a raconté en détail comment elle a pu retrouver, près de 40 ans après leur décès, la famille de Reine et Henri Lefebvre, chef de gare à Lacaune de 1928 à 1957. En 2002, Léa revient à Lacaune pour reconstituer son passé et il lui a fallu 6 ans de long travail pour retrouver, un peu par hasard, les descendants de Henri Lefebvre. Cet homme du Nord, né en 1900, travaillant dès 12 ans dans les mines, doit fuir les avancées allemandes en 1915. En 1916, il se réfugie à Roquecourbe, croise le regard de Reine, 14 ans, ce sera le coup de foudre puis le mariage en 1922 et trois enfants: Francis, Marie-Claude et Henri. Après quelques déménagements, le couple se fixe à Roquecourbe, Henri trouve du travail comme chef de train puis comme chef de gare à Lacaune en 1928.
Même immeuble à Lacaune
Léa raconte comment sa famille a sympathisé avec les Lefebvre. Habitant le même immeuble, les filles jouaient ensemble et bien vite l’amitié s’est installée. Et devant la peur suscitée par les Allemands, le rôle des Lefebvre et du Petit Train a été prépondérant.
Car Reine était aussi le chef de station qui secondait son mari. Léa a trouvé de nombreux témoignages citant le chef de gare qui faisait fuir des juifs de nuit, ou qui les cachait, tel Georges Goldberg, sauvé en étant caché dans une barrique d’un wagon de marchandises. Et puis le témoignage personnel de Léa quand, sa mère étant gravement malade, elle était confiée aux Lefebvre. Alors, ces derniers ont tenté de persuader le père de Léa de fuir chez des amis, hors de Lacaune. Refusant sous prétexte de rester près de son épouse, il fut arrêté par les gendarmes et son sort fut irrémédiable. Reine et Henri ont aussi caché d’autres juifs comme l’a souligné Sandra Marc dans son livre de 2001 sur l’assignation des juifs à résidence à Lacaune; c’était souvent grâce aux renseignements qui arrivaient par le téléphone du chemin de fer que ne pouvaient intercepter les Allemands. Tous ces témoignages qui en font des héros authentiques ont concouru à la remise solennelle de la Médaille des Justes parmi les Nations, à titre posthume, à Reine et Henri Lefebvre. Madame Israëla Peri-Prombstein, consul général d’Israël à Marseille, remit cette médaille à leur dernier fils encore vivant, Henri, très ému en la circonstance, et ce, en présence de toute sa famille et de nombreux amis.
Christian Calas
source:http://www.ladepeche.fr/article/2012/07/25/1406709-lacaune-reine-et-henri-lefebvre-ont-recu-hier-la-medaille-des-justes.html du 25/072012
Article lié au Dossier 12091