Saint-Amand-Montrond – La troisième édition qui a eu lieu hier à la Cité de l’or a attiré les mélomanes
Du 08/09/2014
Le chœur juif de France, dirigé par Hector Sabo a donné hier après-midi un concert splendide de chants liturgiques des Juifs ashkénazes devant une salle presque pleine.
Pour sa troisième édition, Vox Aurea Via Sacra avait choisi de mettre à l’honneur la musique sacrée juive. Un tel colloque n’avait peu été organisé, en France, depuis 1965. Celui d’hier devrait faire date.
La musique sacrée juive plébiscitée
«Le colloque ne portait pas sur un sujet drôle. Il fallait oser. Mais les intervenants étaient d’une telle qualité et nous avons eu la chance d’accueillir le rabbin Marc-Alain Ouaknin. Voir une centaine de personnes assister aux différentes interventions me ravit. » Hier, juste avant le début des concerts qui ont clos la troisième édition de Vox Aurea Via Sacra consacrée cette année à la musique sacrée juive, l’organisatrice Marie-Reine Renon partageait sa satisfaction.
Le souvenir des Justes
Car le colloque saint-amandois devrait faire date car la dernière rencontre portant, en France, sur ce sujet remonte à… 1965. C’est Hervé Roten, le directeur de l’Institut européen des musiques juives, partenaire de l’événement, qui l’a rappelé au début de son propos : « Voilà cinquante ans que nous n’avons pas vécu un tel moment, a-t-il affirmé. À ce rythme, la prochaine fois, ce seront nos enfants qui en profiteront ».
Pour Thierry Vinçon qui, en introduction a égrené le nom des trente-six Juifs assassinés, l’été 1944, dans les puits de Guerry, le colloque est la suite logique d’un travail de mémoire et de compréhension de l’histoire : « Nous sommes dans l’anniversaire des soixante-dix ans de la libération de la France. En 2010, nous avons inauguré une stèle en l’honneur des Justes ; cette année, l’ambassadeur d’Israël Yossi Gal est venu et nous avons médaillé Marcelle Lainé pour ses parents Edmond et Germaine Bauger. Il était indispensable de réunir tous ces éléments tragiques et de créer un colloque plein d’espoir… »
Toute la journée, des professeurs, musicologues, le rabbin Marc-Alain Ouaknin, le chantre Jacques Arnold ont expliqué devant une centaine de personnes, l’omniprésence de la musique dans la vie quotidienne juive. Hervé Roten a ainsi notamment indiqué que la musique jalonnait toute la vie, que les enfants apprenaient l’alphabet en chantant, que la communauté juive possède un corpus important de chants, les airs s’étant multipliés au fil de la diaspora et adoptant des accents locaux. Illustrant son intervention de morceaux sonores ou de vidéo, il a ainsi assuré que « le chant sacré fait le lien entre le ciel et la terre. »
Deux splendides concerts
Outre les interventions, les organisateurs avaient choisi de ponctuer cette journée par deux concerts. « Après tout ce qui a été dit, les spectateurs sont préparés et instruits pour mieux profiter des deux concerts », a assuré Marie-Reine Renon. Le premier, celui du Ch’ur juif de France, qui a été diffusé en direct sur RCF, était splendide et émouvant. Sur scène, les trente choristes du ch’ur fondé en 2006 ont entonné des chants liturgiques des Juifs ashkénazes enchaînant des chants qui accompagnent le Sabbat, le nouvel an… Puis ce sont Philippe Darmon et son fils Mikaël qui ont clos la soirée en interprétant des chants séfarades classiques liés aux fêtes juives.
Déjà l’édition 2015 de Vox Aurea Via Sacra est sur les rails : « Nous avons eu aujourd’hui (hier, NDLR) des échanges extraordinaires sur les différents mondes juifs et on a vu la frontière tenue qui existe entre le sacré et le profane, le religieux et l’agnostique, assure Thierry Vinçon. Toute journée, le lien a été fait avec les Justes et nous devrait nous amener, en 2015, à un colloque avec Yad Vasheim sur les Justes parmi les Nations. Quand à Vox Aurea, ce rendez-vous a déjà une vraie identité. Les actes du colloque sont une mine pour les universitaires. »