Yad Vashem: un diplomate chilien reconnu comme Juste parmi les Nations
Samuel del Campo
Le mémorial de Yad Vashem a honoré la mémoire du Chilien Samuel Del Campo, décédé à Paris dans les années 1960, en lui attribuant à titre posthume la médaille de ‘Juste parmi les Nations’ au cours d’une cérémonie qui s’est déroulée à Jérusalem.
Le professeur Sergio Della Pergola, membre de la commission désignant les Justes, et Irena Steinfeldt, directrice du département des Justes parmi les Nations à Yad Vashem, ont remis la décoration et le certificat d’honneur au Dr Christian Beals Campo, proche parent de Samuel Del Campo, ‘au nom de Yad Vashem, de l’Etat d’Israël et du peuple juif’.
Plusieurs invités prestigieux étaient présents: M. Milenko Skoknik, directeur général du ministère chilien des Affaires étrangères, Allan Najum, chargé d’affaires de l’ambassade du Chili en Israël Modi Ephraïm, directeur général adjoint du ministère israélien des Affaires étrangères et un rescapé de la Shoah, le Professeur Eliyahou Rosenthal. Comme c’est l’usage, le nom de Samuel del Campo a été gravé sur le Mur du Jardin des Justes de Yad Vashem.
Samuel del Campo travaillait comme diplomate au service des Affaires étrangères de la République du Chili.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, entre les années 1941 et 1943, il a occupé les fonctions de chargé d’affaires à la représentation chilienne de Bucarest, en Roumanie. Il a alors aidé des Juifs roumains menacés par les Nazis, leur fournissant divers documents. Mais il a surtout prêté assistance à des Juifs polonais à Czernowitz.
En octobre 1941, un ghetto a été établi dans la ville de Czernowitz et les déportations vers la Transnistrie ont commencé. En l’absence d’une représentation officielle polonaise en Roumanie, la représentation des intérêts des citoyens polonais en Roumanie a été confiée au Chili et Del Campo a commencé à émettre des passeports chiliens pour les Juifs de nationalité polonaise, y compris aux membres de la famille Kiesler de Czernowitz et de la famille Rosenthal de Bucarest.
Lorsque les déportations de Czernowitz à la Transnistrie ont repris en juin 1942, Del Campo a continué d’intervenir auprès des autorités roumaines en faveur ‘des Juifs sous la protection du Chili’. Grâce à des enregistrements réalisés pendant des séances du Conseil des ministres de Roumanie, Yad Vashem a pu estimer qu’environ 1 200 Juifs ont reçu un passeport chilien qui les a sauvés de la déportation.
Au printemps 1943, les relations diplomatiques entre le Chili et la Roumanie ont été rompues et la Suisse a commencé à représenter les intérêts du Chili. Ses représentants ont découvert alors que les documents délivrés par del Campo n’étaient clairement pas conformes à la politique du gouvernement chilien. Lorsque des émissaires suisses ont interrogé le ministère des Affaires étrangères du Chili afin de clarifier sa politique concernant l’octroi des passeports chiliens, il leur a été répondu ‘qu’il aurait été préférable que de nouveaux passeports ne soient pas octroyés sans son approbation’.
Par la suite, Del Campo a été nommé consul général à Zurich, mais cette nomination n’est jamais entrée en vigueur et Del Campo n’a plus travaillé au ministère chilien des Affaires étrangères. Il est décédé à Paris dans les années 1960. Le 23 novembre 2016, la Commission pour la désignation des Justes a décidé de reconnaître Samuel Del Campo comme Juste parmi les Nations.
A la fin de son rapport, Yad Vashem a rappelé qu’il avait déjà attribué le titre de ‘Juste parmi les Nations’ à 26 500 personnes dans le monde.
Claire Dana-Picard