Deux Justes à Noëllet

Accueil/Articles et documents/Deux Justes à Noëllet

Dossier n°

Deux Justes à Noëllet

 

None

Sous le portrait de l’abbé Xavier Terrien, Henriette Chedanne reçoit la médaille et le diplôme au nom d’Anne-Marie Pinguet dont elle est la petite-fille (DR).

 

Anne-Marie Pinguet
et l’abbé Xavier Terrien
Justes parmi les Nations

 

Ce 17 mai, la Maison de la culture et des loisirs de Noëllet était comble pour vivre et partager une belle cérémonie au cours de laquelle prit la parole, au nom de l’Ambassade d’Israël, Daniel Saada :

 

– « Le peuple juif, reconnaissant, tient à cet acte de mémoire, de justice et de foi. Le Juste, c’est la banalité dans le bien. Des personnes qui n’ont pas hésité à mettre en péril leur vie et celle de leurs proches ».

Représentant du Comité Français pour Yad Vashem, président de la communauté de Maine-et-Loire, Alfred Sabbah compléta :

– « Les trois quarts des Juifs en France ont eu la vie sauve grâce au courage des Justes. Ils sont la lumière dans la nuit de la Shoah. »

 

Pierrick Hamon signe ce compte-rendu :

– « Elle était nourrice, il était abbé. Anne-Marie Pinguet et Xavier Terrien ont reçu la médaille des Justes parmi les Nations à titre posthume, au cours d’une émouvante cérémonie, hier à Noëllet.
On avait quitté les enfants juifs cachés de Noëllet le 10 septembre 2005. Ce jour-là, ils étaient tous les neuf sur la photo de famille, lors de la plantation symbolique d’un pommier devant la maison à la Haute-Rigauderie. Une bâtisse où ils vécurent, de 1942 à la Libération, sous la protection d’Anne-Marie Pinguet, de l’abbé Xavier Terrien, et d’autres bienfaiteurs : maire, instituteur, secrétaire de mairie.

Hier, moins de quatre ans plus tard et quelques rides en plus, Bernard, Éva et Helena sont dans la maison de la culture et des loisirs à Noëllet. Dignes et émus de voir leurs anges gardiens élevés au rang de Justes parmi les Nations. Un titre posthume délivré par le comité français pour Yad Vashem. Posthume, car la nourrice a quitté ce monde en février 1966. L’abbé en juillet 1968.
Mais personne n’a oublié leur geste. Ils sont plus de 200, assis ou debout, à regarder le maire de Noëllet, Daniel Briellet, et la Segréenne Henriette Chedanne, petite-fille d’Anne-Marie Pinguet, recevoir médaille et diplôme (…).
Le point d’orgue arrive. La gorge nouée, la fille d’Henri Goldberg, s’empare du micro : « Je m’appelle Corinne, j’ai 46 ans, trois enfants et je vis en Israël. » Son frère Maxime et ses enfants, de Paris, sont là aussi. L’histoire de leur père à Noëllet, ils la connaissent depuis l’enfance. C’est lui qui a mis en marche le dossier pour que soit rendu hommage à ses sauveurs. Il est décédé à 78 ans le 31 janvier 2008.

Stéphanie, l’aînée des six petits-enfants, lit son témoignage. Celui du petit garçon de 12 ans en décembre 1942. « Un jour, j’ai demandé à l’abbé Terrien d’être enfant de choeur. La réponse : « Nous demanderons à tes parents quand ils reviendront et je prie chaque jour pour qu’ils reviennent bientôt. »
Car les parents de ceux qui sont considérés comme « des petits parisiens en vacances prolongées » ont été arrêtés et déportés. Ces quatre frères et soeurs sont arrivés à Noëllet grâce à leur grande soeur Helena, dont une voisine parisienne connaît Anne-Marie Pinguet. La nourrice peut en héberger trois, mais manque de place pour Henri, qui est confié à l’abbé… L’abbé, l’ami de Clément Quentin. Le dernier à prendre la parole hier à la cérémonie, pour décrire « un homme sérieux, réservé et plein d’humour ». Sa médaille et son diplôme vont être exposés à la mairie de Noëllet, salle du conseil.
(Ouest France, 18 mai 2009).

None

Daniel Briellet, Maire de Noëllet, présentant la médaille et le diplôme de l’abbé Terrien (DR).