Distinction. Déportée en 1943, elle avait activement participé au sauvetage de Juifs durant la Seconde Guerre.
Anthony Veillith, 38 ans, est l’arrière-petit-fils de Dora Rivière. C’est en se lançant dans la construction de son arbre généalogique qu’il est saisi par la forte personnalité de son aïeule, le Dr Dora Rivière.
« J’ai découvert le passé terrible de souffrance de mon arrière-grand-mère. Plus je cherchais, plus je découvrais des éléments qui me donnaient envie d’en savoir plus. J’ai deux filles, Louise et Léonie. Lorsque je me suis penché, pour leur transmettre une part de la mémoire familiale, sur notre généalogie, j’ai fait connaissance avec cette famille protestante dont on ne m’avait jamais vraiment parlé. Il y avait un culte du secret. Ce qu’on avait fait, on devait le faire, mais il était hors de propos d’en tirer quelque gloire que ce soit. »
Cette quête dure cinq ans et aboutit, le 29 mars, à Paris, à la remise de la médaille des Justes parmi les Nations par Alain Habif et Viviane Saül, délégués de Yad Vashem, aux ayants droit de Dora Rivière, honorée à titre posthume.
La mère d’Anthony, Sylvie Veillith, la fille de Jacques Veillith, le fils de Dora Rivière, reçoit avec émotion « ce témoignage de reconnaissance éternelle ».
Dora Rivière était née à Saint-Étienne en 1895, dans une famille protestante originaire du Chambon-sur-Lignon. Elle était la fille de Georges-Henri Rivière, transporteur, et de Catherine Reynard.
À l’époque où peu de filles faisaient des études secondaires, Dora prépare le baccalauréat au lycée Honoré-d’Urfé.
Elle devient en 1919 une des premières femmes médecins de France. Elle s’engage dès 1920 dans de nombreuses actions sociales via la Croix-Rouge française, les Enfants à la montagne, l’Aide aux mères et la Cimade.
On la retrouve à l’aube de l’occupation allemande, divorcée de Daniel Veillith qu’elle avait épousé, en 1925, et dont elle a eu deux enfants, Hélène (1928-2001) et Jacques (1926-1987).
Dès 1940, Dora entre dans la clandestinité sous le pseudonyme de « Monsieur Lignon ». Elle s’emploie dès lors à secourir, au sein de différentes associations et réseaux de sauvetage, les pourchassés par le régime de Vichy et par le nazisme.
Les déplacements étaient le plus souvent effectués par les Fourgons stéphanois appartenant aux Transports Rivière. Arrêtée en 1943, à la suite d’une dénonciation du fils d’une employée de l’entreprise paternelle, elle est déportée à Ravensbrück. Elle met ses compétences et son dévouement au service de ses codétenues, avant de terminer son long calvaire à Mathausen, où elle sera libérée en avril 1945.
Après la guerre, elle devient adjointe au maire, chargée des affaires sociales de Saint-Étienne.
Elle s’est éteinte le 21 avril 1983, à Pignans, dans le Var.
À Saint-Étienne, une école porte son nom. Maintenant, il est gravé à Yad-Vashem, en Israël.
source: http://www.leprogres.fr/loire/2012/04/15/dora-riviere-resistante-stephanoise-est-devenue-juste du 15/04/2012
Article lié au Dossier 12014