Henri et Marcelle Bagauld, Justes parmi les Nations
Les parents hélas déportés à Auschwitz, le petit Roland caché à Courtalain…
Deux juifs, parmi tant d’autres, fuirent les pogroms à répétition de Pologne. C’est ainsi que Gdalia et Etia Khoutman aboutirent à Courtalain en 1936 avec leur petit Roland (né en 1932). Marchands sur les marchés, ils étaient bien connus dans la région, y compris à Châteaudun.
Survient la guerre. Gdalia Khoutman est obligé de pointer chaque semaine auprès des services allemands à Châteaudun. Ceux-ci l’arrêtent le 25 juin 1942. Il sera déporté à Auschwitz (1).
Pressentant la suite des événements, la mère soudain seule, décide de passer en zone dite « libre ». Les marchandises destinées aux marchés des environs, sont confiées à des voisins. Le départ est fixé. Trop tard !
Le 10 juillet 1942, à l’heure du laitier, les Allemands viennent s’emparer d’Etia Khoutman (2). Elle n’a que le temps de confier son fils, Roland, à des voisins directs : Henri et Marcelle Bagault. Eux habitent le 20 place Aristide-Briand à Courtalain et les Khouman le 19.
Autant que ses deux filles, Simone et Jacqueline, le couple Bagault va accueillir le petit persécuté, l’entourer d’affection et lui sauver la vie. Il faut ajouter que lui est marbrier et elle chargée des couronnes mortuaires, tous deux veillant donc sur le cimetière municipal.
En février 1944, les Allemands procèdent à d’autres arrestations dans le pays et les Bagault préfèrent alors prendre contact avec une tante du petit Roland. Celle-ci s’est réfugiée sous une fausse identité à Nogent-le-Rotrou. Elle comprend aussitôt la situation et évacue le garçon à Champigny où il finira par vivre les heures de la libération.
Stéphanie Biju (La République du Centre, 8-9 novembre 2008) :
– « C’est la moindre des choses que je pouvais faire ! », lance Roland Khoutman. Sur son initiative, la médaille des Justes parmi les Nations sera remise à titre posthume, dimanche prochain, à Marcelle et Henri Bagault qui lui ont sauvé la vie, pendant la Seconde Guerre mondiale à Courtalain.
« Les Bagault ne m’ont pas seulement hébergé ; ils m’ont entouré de toute leur affection », témoigne Roland, soixante-six ans après les faits. »
A la cérémonie de Courtalain, le 16 novembre, le Comité Français pour Yad Vashem fut représenté par son délégué Victor Kuperminc.
Notes :
(1) Déportation par le convoi n° 5 du 28 juin 1942. Au départ de Beaune-la-Rolande. 1004 hommes et 34 femmes. Selon Serge Klarsfeld, 55 survivants à la libération.
(2) Convoi n°6 du 17 juillet 1942. Au départ de Phitiviers. 809 hommes et 119 femmes. 45 rescapés à la libération.
Article lié au Dossier 11201